ADAM'S APPLES
Portrait d'un véritable fléau
En choisissant de s'attaquer à la peinture d'un forcené malfaisant et en posant face à lui un candide croyant, le réalisateur des "Bouchers verts" trouve une nouvelle fois matière à discuter moralité et utilité de manière relativement cynique. Accompagnant le personnage d'Ulrich Thomsen, le spectateur s'amuse des provocations du vilain garçon et s'étonne des réactions calmes et parfois saugrenues du pasteur. Mais en même temps il découvre avec distance et inquiétude la galerie d'autres condamnés, et leurs névroses, telle un concentré des peurs des croyants.
La mise en scène au style élégant ne serait rien sans la sobriété et le bucolique des lieux, dont la verdure généreuse contraste avec les intérieurs et l'âpreté du destructeur qu'est le personnage principal. Les divers fléaux qui s'abattent sur ses pommes, sonnent comme divers avertissements à l'un ou ébranlements de la foi de l'autre, et font flirter le film avec le fantastique. Ce que l'ahurissant dénouement ne démentira d'ailleurs nullement. Dire que le cinéma danois a le sens de la provocation est la moindre des vérités, et "Adam's apples" en est une nouvelle preuve.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur