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25 NOVEMBRE 1970 : LE JOUR OÙ MISHIMA CHOISIT SON DESTIN

Un film de Koji Wakamatsu

Un puissant récit dans un écrin de pacotille

Tokyo, fin des années 1960. Yukio Mishima est un grand auteur littéraire, qui suscite l’admiration de tout un pays. Convaincu que le régime en place doit changer, il crée une petite armée de fidèles, la Tatenokai. Mais voyant que son discours ne fait pas l’unanimité, il décide d’intenter une action de force en haut lieu. Le mènera-t-elle vers la reconnaissance politique ?

Si le titre de ce film, assez intriguant au demeurant, et la notoriété de son défunt réalisateur (il fut considéré comme l’un des plus grands réalisateurs japonais des années 1960) peuvent être des arguments suffisants pour se laisser tenter par l’expérience, sachez tout de même où vous mettez les pieds. Car nul besoin d’être un spécialiste de Wakamatsu pour constater avec ce film qu’il se situe en marge des autres réalisateurs japonais de ce siècle : mise en scène rudimentaire, photographie anachronique (avec un rendu numérique façon série TV cheap, alors que le film s’inscrit dans l’Histoire) et interprétation approximative de bout en bout (hormis celle de Iura, alias Mishima). Un style vraiment particulier, fondé sur l’absurdité et le mauvais goût, qui rebutera une grande majorité de spectateurs (dont votre serviteuse, vous l’aurez deviné).

Reste que malgré sa forme rédhibitoire, ce film présente un intérêt sur le fond, au travers notamment de son personnage principal : un romancier japonais mainstream, en lice pour le prix Nobel, qui se militarise pour suivre des convictions assez peu en phase avec son temps. Il faut dire que Mishima plane complètement : à l’aube des années 1970, il croit en un gouvernement qui réhabiliterait l’empereur et le placerait du côté des divinités. Une vision somme tout médiévale pour une société qui cherche à bousculer l’ordre social ! Hanté par cette idée, le romancier à succès décide donc de sacrifier sa gloire pour se reconvertir dans une quête qu’il est le seul à défendre, hormis une poignée d’illuminés séduits par la verve de l’homme. Un combat qui susciterait presque l’admiration tant il est perdu d’avance, et qui donne lieu à une scène finale à couper le souffle. Quel dommage, sachant cela, que le cinéaste ait tout fait pour nous donner envie de quitter la salle avant cette fin !

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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