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VOYAGE VERS AGARTHA

Un film de Makoto Shinkai

Les vivants comptent plus que les morts

Une écolière japonaise, dont le père est mort et la mère infirmière souvent absente, se rend régulièrement dans la forêt voisine de son village, pour capter les ondes radios grâce à une machine de son invention. Elle fait un jour la connaissance d’un mystérieux garçon qui dit venir d’Agartha, le monde des morts, et qui la sauve de l’attaque d’un animal étrange et imposant…

Sortie directe en Vidéo, DVD et Blu-Ray le 04 juillet 2012

« Voyage à Agartha » est l'histoire de quête. Celle d'une petite fille ayant perdu son premier petit ami, en proie pour la seconde fois au deuil (après celui de son père), mais se rendant compte pour la première fois de ce que cela signifie. Elle va suivre un de ses professeurs, qui souhaite ressusciter sa femme, disparue trop tôt. Ce conte nous emmène avec eux dans un autre monde, fait de dangers et de paysages spectaculaires, vers l'acceptation de la perte d'êtres chers et le renoncement. Jolie légende posant l'ordre des choses comme un facteur de stabilité, qui mêle diverses peuplades ayant chacune leur place. En plus des gardiens de ce monde de dieux qui autrefois guidaient la Terre, il y a dans ce monde sous-terrain des habitants qui se méfient des étrangers venus de la surface, mais aussi d'étranges créatures squelettiques qui ne surgissent que de l'ombre et tentent de rétablir l'équilibre en dévorant les êtres au sang impur.

Ancien collaborateur d'une maison de jeux vidéo (il y a travaillé pendant 5 ans), le réalisateur n'en oublie pas pour autant une influence classique. Auteur de « La Tour au delà des nuages » et de « 5 Centimeters Per Second », il nous conte ici à nouveau les conséquences de la séparation entre deux êtres chers, la tentative de personnes qui veulent se retrouver, l'influence de la maladie et du deuil, avec une histoire toujours ancrée dans l'univers de jeunes gens, des écoliers, qui doivent se confronter au monde des adultes et à sa cruauté apparente.

Influencé par les légendes de son pays et les traditions graphiques proches de l'univers de Miyazaki, il a découvert la légende qui sert de base à son long métrage dans le livre « Piramiddo bôshi yo, sayônara » de Yoshiko Okkotsu, dans lequel un garçon descend dans le monde souterrain d'Agartha. S'il s'en est inspiré, c'est aussi parce qu'il regrettait la fin, car l'auteur est mort avant d'avoir fini l'écriture et a dû être remplacé par autre. Makoto Shinkai a donc créé ici tout un univers, à partir de références de divers mondes antiques. À Agartha, la mer qui marque l'entrée dispose d'une eau que l'on peut « respirer » une fois qu'elle a pénétré les poumons, les lois de l'apesanteur s'inversent parfois (la chute vers le centre de la Terre... se termine en sortie d'un bassin).

Mais malgré la richesse graphique de ce monde qui tombe en ruines, « Voyage vers Agartha » manque certainement d'un peu de magie et de poésie. Même si ce dessin animé oppose intelligemment le manque d'expérience de la jeunesse et sa fougue vouée à faire changer les choses, reste que l'auteur n'a pas su se démarquer de ses modèles, et que par exemple de nombreux éléments (le cristal, les ruines, les géants...) rappellent tout même l'un des chefs-d’œuvre du genre, « Le Château dans le ciel » de Hayoa Miyazaki.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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