LE GRAND MUSÉE
Une plongée dans le monde de l'Art
Johannes Holzhausen a pris son temps pour faire ce film et ça se voit. Durant toute une année, le documentariste a pointé sa caméra sur des œuvres mais surtout sur des gens. Passionné d'Histoire de l'Art, il a voulu sublimer ce microcosme qui forme un musée. Personne n'est oublié. On passe du directeur aux restaurateurs et des ouvriers aux conservateurs : chaque corps de métier joue un rôle dans ce documentaire. On découvre la vie qui anime les murs et les sous-sols des musées avec une curiosité satisfaite. On comprend alors le cheminement et la réflexion derrière chaque tableau, derrière chaque œuvre d'Art. On se rend compte que rien n'est laissé au hasard et que le moindre détail mérite une discussion préalable. Toutes ces communautés de travailleurs cohabitent pour un même idéal et le spectateur découvre ces coulisses qui ont également des failles. Comme cette scène cocasse dans laquelle les personnes chargées de l'accueil font remarquer que les différents corps de métiers restent entre eux, encourageant un communautarisme déploré.
Pour servir son propos, qu'il a voulu sobre, sans voice-over et sans interventions scénaristiques, le réalisateur utilise une esthétique vraiment très travaillée. Pour le tournage, il s'est servi de deux types de caméra. Une légère, plus mobile, qui lui permet de faire des plans magnifiques, comme celui suivant un employé obligé de prendre une trottinette pour naviguer dans le dédale de couloirs du bâtiment et ça seulement pour récupérer son image imprimée. Et une, plus lourde, qui lui offre la possibilité de capter une image très détaillée, notamment pour les plans des restaurations. En effet, on peut voir de très gros plans, pris en objectif macro, nous permettant d'observer avec précision la minutie nécessaire au métier de restaurateur. Une petite critique peut néanmoins lui être faite, concernant le manque d'informations quant aux statuts des personnes présentées dans le film. Le spectateur pourra ressentir une légère frustration en voyant travailler des gens à l'écran sans vraiment savoir de qui il s'agit et quel est leur rôle spécifique.
Hormis cela, le documentaire reste très plaisant à regarder et saura satisfaire les curieux et les amoureux d'Art. Il se place comme la meilleure façon de plonger dans le monde de l'Art et ce, jusque dans ses facettes moins magiques telles que les ventes aux enchères qui prennent des tournures parfois abusives sur le plan financier, laissant même les représentants du musée de Vienne totalement désabusés. Un vrai film, riche en apprentissage et en émotions.
Quentin ChirolEnvoyer un message au rédacteur