LA GROTTE DES RÊVES PERDUS
En immersion
Depuis les débuts de sa carrière, Werner Herzog a toujours alterné œuvres de fiction et documentaires, le petit plus venant du caractère souvent étrange, voire totalement fou des uns et des autres. Tout juste un an après ses excursions hollywoodiennes (les thrillers barrés « Bad Lieutenant : Escale à la Nouvelle-Orléans » et « My son, my son, what have you done ? »), le voici donc de retour avec un documentaire un peu particulier, dont l’action se situe chez nous.
Ebloui par les images de peinture rupestre de la grotte de Lascaux, Herzog profite de la découverte, en 1994, de la grotte de Chauvet en Ardèche, pour y projeter ses propres obsessions sur l’art et l’expérimentation picturale. Accompagné d’une équipe de scientifiques, il se rend donc au cœur de la grotte, armé pour cela d’une caméra 3D. Le procédé pourrait paraître fastidieux, voire même intéressé (la 3D est à la mode), mais avec un cinéaste comme Werner Herzog, rien n’est jamais facile.
Tout en donnant régulièrement la parole à quelques spécialistes amusés par la note d’intention de ce trublion du cinéma, il parvient à immerger le spectateur au cœur même du processus artistique ayant précédé ces formidables témoignages de la préhistoire. Jouant sur le relief des parois, les peintures de chevaux, bisons, mammouths et autres lions, acquièrent un dynamisme saisissant. Dynamisme accentué par l’utilisation d’une 3D qui n’est jamais gadget (à une exception près), mais se teinte d’un discours étonnant en établissant un parallèle entre cet outil encore neuf et l’art primitif qui nous est montré. Résultat : on se trouve au cœur même de la caverne, au sein d’un relief biscornu et merveilleux, dont les fabuleuses créatures semblent prendre vie devant nos yeux. Incroyable, mais beau !
Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur