LOVEMILLA
Coloré, attachant et barré !
Teemu Nikki, connue jusque-là pour sa série "Nymphs", décide dès 2013 d'adapter sa web-série "#Lovemilla", en gardant le même casting d'acteurs finlandais. Il ne faut pas se mentir, en dehors de leur pays d'origine, le film et la série d'origine n'ont pas connu un grand succès. Mais si, comme nous, vous vous retrouvez au festival de Gérardmer dans les Vosges un samedi soir lors de la "Soirée décalée" et que vous vous délectez de films jusqu'au petit matin, vous aurez peut-être la chance de vous trouver face à un « OFNI » (Objet Filmique Non Identifié) de cet espèce. Car oui, "Lovemilla" fait partie de ces films inclassables, un patchwork de divers genres (comédie, romance, film de super héros, science-fiction), une bouillie de thématiques et d'ambiance qui rendent le film assez jouissif et surtout unique. Un film qui pourrait prendre des airs de caricature tant l'univers, les personnages, leurs réactions et leurs sentiments sont poussés à leur paroxysme, rendant le tout très excentrique.
Parents alcoolo-zombies, cyborg sensible et romantique, super-héroïne luttant contre un extra-terrestre, effets spéciaux outranciers, le film ne se prive de rien et nous immerge totalement dans son univers. Et tout cela est très harmonieux, aussi étonnant que cela puisse paraître. C'est l'une des forces de "Lovemilla", nous montrer un univers d'une incohérence totale où la logique n'a pas sa place, et nous le rendre accessible et compréhensible.
Mais l'ambiance légère et l'humour potache (mention spéciale au « vengeur gastrique » et à son intrigue élevant le film au rang de chef d’œuvre régressif) n'enlèvent en rien la substance des protagonistes. Dans cet univers totalement fantaisiste, Aimo et Milla vivent malgré tout une vraie histoire d'amour, et on se surprend à s'attacher à ces personnages. C'est une autre qualité de ce long-métrage, faire toujours plus dans l'exagération tout en sachant garder une vraie sincérité dans son propos et ses émotions. C'est bien là que le film surprend le plus. Dès les premières minutes le spectateur est en droit de se demander s’il veut bien suivre la réalisatrice et son équipe dans cet univers qui en laissera plus d'un sur le carreau. Beaucoup n'accepteront pas l'invitation mais ceux qui suivront vraiment les mésaventures de Milla et Aimo seront surpris, à la fin du métrage, par la charge émotionnelle que leur histoire fait ressentir. Dans un monde bariolé, peuplé d'extraterrestres amoureux et de zombies alcooliques, on est en droit d'être étonnés lorsqu'on laisse échaper une petite larme à la fin.
Surprenant, mal élevé et mis en boîte avec inventivité, "Lovemilla" détonne ! On se retrouve même à redemander de cette aventure délirante avec Milla et sa bande.
Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur