SEULE SUR LA PLAGE LA NUIT
Une œuvre mineure mais plaisante, à la construction singulière
Young-hee, actrice coréenne, rend visite à une amie en Allemagne, à Hambourg. Elle s’interroge sur le fait de devoir s’installer là. Seule sur la plage, à marée basse, elle se demande si l’homme marié avec lequel elle avait une liaison va la rejoindre…
Hong Sang-Soo nous livre ici l’un de ses désormais 3 films annuels, avec un nouveau portrait de femme, actrice, entre Allemagne et Corée du Sud. Retrouvailles d'anciennes connaissances, tentation de l'installation à l'étranger, regrets de relations passées, réputations à sauvegarder, autour de cette femme à la beauté non négligeable se dessine une ronde des désirs trouvant son apogée lors d'une scène de repas à cinq.
Si son cinéma commence forcément à tourner un peu en rond, étant donné son rythme de production, le réalisateur coréen en profite cette fois-ci pour exprimer l'oppression ressentie à Séoul, que plusieurs de ses personnages ont fui pour trouver un rythme de vie plus serein. Il propose aussi une construction en trois parties, quelque peu déroutante, puisque après un malaise de l’héroïne, un générique défile soudain, suggérant que la partie allemande du film n’était qu’un film qu’elle a tourné (à moins que ce ne soit la suite, en Corée, qui soit le film en question…).
Proposant ensuite une troisième digression, alors que son personnage s’endort sur la plage, Hong Sang-Soo brouille les pistes, traitant une nouvelle fois de la complexité des relations amoureuses, et jouant avec les rumeurs sur sa propre vie sentimentale (et sa liaison avec une actrice célèbre – en l’occurrence l’actrice principale de ce film). "Seule sur la plage la nuit", s’il reste une œuvre mineure dans la filmographie de l’auteur, n'en est pas moins un film plaisant, dans lequel l’alcool délie une nouvelle fois les langues, s’avérant cinglant vis à vis de la gente masculine (ici les hommes sont « incapables d’aimer », voire sont « tous des idiots »). Un film qui a valu le Prix d’interprétation féminine à son actrice lors du Festival de Berlin 2017.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur