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LE GRAND SILENCE

Un film de Philip Gröning

La grande sérénité contemplative

Une plongée unique à l’intérieur du très secret monastère des Chartreux…

Quand on est athée comme moi, on commence par être sceptique ! Que va-t-on bien pouvoir apprécier dans un film qui farfouille pendant 2h40 dans tous les coins d’un monastère ? Est-ce que ça ne risque pas de puer le prosélytisme religieux ou la gloire quasi sectaire ? Mais comme Philip Gröning a précédemment commis un « L’Amour, l’argent, l’amour » pas très catholique, on se dit que ça ne doit pas être le cas ! Au contraire, on est curieux de voir comment un réalisateur peut passer de l’un à l’autre et l’expérience du « Grand silence » semble également alléchante par son côté hors norme !

En fait, la vision du film tombe vite dans le film contemplatif quasi-expérimental. Certes, on peut parfois avoir envie de passer en accéléré sur certaines scènes mais on peut aussi se laisser prendre au jeu de la sérénité et se laisser aller devant ce calme prenant. A tel point que, même si on considère le choix de vie des moines comme complètement aberrant, on peut se dire que notre vie de stress et de vitesse est tout aussi (sinon plus) ridicule.

« Le Grand silence » serait-il une ode pessimiste à la vanité de la vie ? Non. Plutôt une façon de relativiser car il n’y a rien de négatif dans le film, qui ne fait qu’observer sans a priori, au gré d’un rythme de vie inhabituel, préférant magnifier la beauté du silence et des décors sommaires avec un grain saturé étrangement attachant. Les gros plans sont particulièrement travaillés et nous invitent à faire attention aux détails insignifiants de notre propre vie. Comme un conseil de sérénité…

Evidemment, le film est aussi et surtout un documentaire. En cela, il a évidemment une valeur inestimable puisque c’est la première fois que quelqu’un a été autorisé à filmer dans le monastère des Chartreux. Les commentaires se réduisent à des cartons reproduisant quelques extraits de textes sacrés. Non pas une intention prosélyte comme on a pu le redouter, mais simplement un élément constitutif du quotidien des moines. Un simple détail parmi d’autres, purement informatif, légèrement mis en scène par l’écho qu’il constitue face aux images.

D’ailleurs, l’ensemble s’attache à illustrer le quotidien monastique au fil des saisons (ce rythme naturel qui respecte celui des moines) plutôt que de rentrer dans le détail de leur philosophie religieuse. Principale surprise pour le commun non-initié des mortels : le vœu de silence n’est pas strict, comme le montrent les quelques rares séquences de dialogues ou monologues.

Au final, on en ressort étrangement détendu et surpris. Avec une envie d’appliquer certains aspects sereins de cette vie de Chartreux, en les adaptant à une vie « normale » et laïque…

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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