WHAT YOU GONNA DO WHEN THE WORLD IS ON FIRE ?

Approchant plusieurs personnes appartenant à la communauté afro-américaine, Roberto Minervini ("The other side", "Le cœur battant") fait ressortir la manière dont celle-ci se sent flouée, privée de droits et de justice, par un monde encore dominé par les blancs, dont leurs ancêtres furent les esclaves. S'intéressant à une mère mettant en garde ses enfants, un duo de fils dont le plus jeune a absolument peur de tout, une patronne de bar qui craint pour son commerce, des manifestants qui s'attendent à ce que la police intervienne, il met surtout en avant la peur comme élément qui semble régner en permanence dans la vie quotidienne.

Dans un très beau noir et blanc, Minervini donne ainsi la parole à des personnes qui pour certaines ne pensaient pas atteindre un jour l'âge adulte, à d'autres qui ne voient pas de perspectives d'évolution à leur situation sociale et à des militants (membres du New Black Panther Party) qui réclament sinon la justice pour un jeune homme assassiné, au moins une réparation pour l’esclavage et le droit à une certaine égalité. Ayant réussi à faire prendre part au projet, à Krystal Muhammad, l’actuelle présidente du groupe aux États-Unis, qui refuse normalement toute participation à des documentaires, son film prend donc un caractère assez exceptionnel.

Malheureusement l'échantillon reste bien peu varié et même si certains moments sont émouvants, c'est avant tout la répétition des mêmes discussions et arguments que le spectateur retiendra. Sans contrepoint, ni commentaires, et malgré toute la franchise des témoignages assemblés et le temps consacré à chacun (permettant de s’attacher à certains), "What you gonna do when the world is on fire ?" a bien du mal à sortir de l’œuvre communautariste, et à toucher à l’universel. Reste un intéressant discours sur la transmission de la peur.