PROBLEMOS
Une comédie écolo complètement barrée
Pour sa première réalisation sans son acolyte Ramzy, Éric Judor signe une fable politique et poétique bourrée de ce comique absurde dont il a le secret. Jeanne et Victor sont deux Parisiens qui, sur le retour de leurs vacances, décident de faire un petit crochet par la communauté de Jean-Paul, une vieille connaissance. Avec son groupe de zadistes, coupés des technologies et du reste du monde, ils se battent contre l’implantation d’un complexe aquatique. Ce postulat est surtout l’occasion pour le réalisateur et scénariste de multiplier les vannes, alternant premier, second et huitième degrés.
Si Éric Judor excelle en cliché du Parisien bobo qui veut se la jouer cool, le film doit beaucoup à sa galerie de personnages hauts en couleur. Avec des dialogues aiguisés, les joutes verbales entre tous ces protagonistes sont un véritable régal pour les amoureux de l’humour noir et du politiquement incorrect. À ce titre, Gaya (Blanche Gardin) tire son épingle du jeu, avec ses ateliers sur les menstruations ouverts aux hommes ou son refus de donner un prénom à son enfant (« pour ne pas lui coller une étiquette sur le front »).
Néanmoins, si cette comédie écolo est bien loufoque, elle est un poil trop sage pour un métrage qui veut nous plonger au cœur d’une bande d’hippies anarchistes. Les premières minutes hilarantes laissent une suite plus foutraque, en particulier dans une seconde partie fourre-tout où le chaos scénaristique rend les rires plus difficiles. Dans la lignée de "Platane", Éric Judor poursuit toutefois son parcours atypique dans le paysage comique français, avec son ton volontairement régressif et son sens du verbe acerbe.
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur