BALADE ENTRE LES TOMBES
Liam le justicier, encore et toujours
Matt Scudder était un flic alcoolique. Il est désormais un détective privé agissant sans licence. Lorsqu’il est contacté par un trafiquant de drogue pour retrouver ceux qui ont assassiné sa femme, il ne s’attend pas à devoir traquer deux serial killers sans aucun scrupule…
Lorsqu’on lit la saga littéraire de Lawrence Block, on se dit immédiatement que Liam Neeson était l’acteur parfait pour donner vie à ce Matt Scudder, un ancien flic alcoolique ayant abandonné l’uniforme et la bouteille après une arrestation qui a dérapé. Car aujourd’hui, dès qu’il est question d’un héros un peu torturé, souvent hanté par son passé, qui se retrouve à frapper tout ce qui bouge, c’est au comédien irlandais qu’on fait directement appel. Et il est vrai que l’acteur excelle à nouveau dans ce rôle physique, même si, cette fois, il devait plus réfléchir que cogner. Reconverti en détective privé, l’ancien policier se retrouve à enquêter sur l’assassinant d’une femme d’un des barons de la drogue new-yorkaise. Mais rapidement, l’enquêteur va découvrir que cette affaire n’est pas un cas isolé et qu’il se pourrait bien que les tueurs frappent à nouveau.
Polar terriblement noir, le film nous emmène dans les bas fonds de la Big Apple, là où la drogue et les meurtres sont courants, là où la justice a laissé place à la loi du plus fort. Mais si ce thriller violent bénéfice d’une mise en scène rétro plutôt efficace, tous les artifices dont il use étaient déjà presque obsolètes dans ces années 90 auxquelles le réalisateur veut rendre hommage. Le scénario frise alors le ridicule et l’apothéose sanguinolente n’y changera rien, la surenchère d’hémoglobine ne suffira pas à réveiller les spectateurs. Liam Neeson est parfait dans son rôle de justicier badass, mais tous les seconds rôles qui gravitent autour de lui ne bénéficient pas de suffisamment d’épaisseur pour enrichir un récit déjà bien trop prévisible.
Cette chasse à l’homme sans rythme et sans saveur finit par agacer tant les ressorts scénaristiques mis en œuvre ne sont pas dignes d’un polar d’aujourd’hui. Au lieu de retenir la quintessence des modèles auxquels il aspire, Scott Frank s’est contenté de les copier sans aucune originalité. Et si les bouquins de Lawrence Block ouvraient la voie à une certaine perversité et une véritable noirceur, cette adaptation cinématographique se limite à une perfidie pour adolescents, un thriller où la cruauté est censée combler les errances scénaristiques. Un beau raté !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE