L'HOMME DE MAIN
La Pologne et ses inégalités
Dans une campagne polonaise défavorisée, Wojtek, un jeune homme de 19 ans, se voit obligé de choisir entre un travail à la ferme et l’argent facile des matches de boxe. Très vite, il sera repéré par la mafia polonaise qui voit en lui un homme de main idéal. Alors très amoureux d’une femme ukrainienne, plus âgée que lui et déjà mère d’un jeune garçon, il décide de faire le choix qui lui permettra d’assurer son rôle de père et conjoint…
Malgré un thème assez ‘bateau’, Slawomir Fabicki nous entraîne dans les campagnes polonaises qui sont à mille lieux des publicités faites pour les plombiers. La misère y règne encore et l’exode des populations vers l’ouest est toujours d’actualité. Une toile de fond de crise, à la Dardenne, et un jeune qui tentera tout pour s’en sortir.
Wotjtek est un jeune comme il doit y en avoir beaucoup en Pologne. Il a travaillé très tôt pour subvenir aux besoins de sa famille, d’abord à la mine, où il va perdre son ami, puis dans la porcherie de son oncle. Son échappatoire a ce monde sans couleur reste la boxe, qu’il pratique dans un club de son village. C’est là même que son destin basculera. Recruté pour exécuter les besognes d’un prêteur d’argent peu scrupuleux, il se verra obligé de récupérer les sommes dues ou bien de violenter les retardataires, en menaçant leurs familles. Entre la volonté de s’en sortir et la morale dans laquelle il fut élevé, Wojtek se voit entraîné dans un cercle vicieux.
Dans ce premier film, Slawomir Fabicki a voulu nous peindre un portrait assez noir de la Pologne, comme on en avait parfois déjà vu. Il est peut être encore nécessaire de montrer et de rappeler que faire partie de l’Europe des 25 ne lève pas en une journée le poids des inégalités et la pauvreté dans laquelle baigne un pays. Et la Pologne, bien que beaucoup plus ouverte aujourd’hui sur un plan international était encore il n’y a pas si longtemps coupée de l’Europe Occidentale, de la même manière que l’Allemagne de l’Est.
Ce long métrage n'a simplement d'autre prétention que de nous montrer qu’il existe encore aujourd’hui un monde où les gens fuient leur pays, les jeunes ont peu d’espoir, et aspirent tous à une vie plus confortable.
Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur