ROMAINE PAR MOINS 30
A Montréal fais comme Romaine
Agnès Obadia avait déjà porté à l’écran Romaine dans plusieurs courts-métrages. Interprétée d’habitude par la réalisatrice elle-même, c’est ici Sandrine Kiberlain qui campe avec brio cette trentenaire qui se cherche. Elle apporte une ampleur à ce personnage de femme fantasque et paumée, qui évite l’écueil de la superficialité actuellement courante dans les comédies mettant en scène des femmes. Son attitude nonchalante est parfaitement adaptée, et son caractère représente un mélange harmonieux fait de «terre-à-terre» et d’une douce folie.
On suit donc Romaine avec joie dans son road-movie improvisé et parfois subi, et certaines situations incongrues se révèlent vraiment savoureuses: un rendez-vous chez un acupuncteur, un orgasme provoqué par le malaxage d’une pâte à pizza… Les personnages sont tous savamment travaillés, joyeusement névrosés et tellement vivants ! Tout comme Romaine qui, malgré ses angoisses, vit ce qui se présente à elle sans limites, pour enfin avancer.
La force du film est de nous emporter dans le tourbillon que vit le personnage, on erre avec elle autant qu’on s’esclaffe, et si on regrette que le rythme soutenu faiblisse dans la deuxième partie, on est accroché à cette histoire ce qui constitue un pari réussi en soi. Evidemment, on reste dans la comédie légère, on ne ressort pas plus intelligents ou bouleversés, mais légers et souriants. Ne vous fiez pas à la bande-annonce calibrée à l’américaine, qui nous montre uniquement les situations téléphonées et les réparties impeccables, et courez vous faire votre propre opinion !
Camille ChignierEnvoyer un message au rédacteur