UN WEEK-END EN FAMILLE
Secrets et mensonges
Le film allemand « Un week-end en famille » est reparti bredouille du dernier festival de Berlin où il a été présenté. Et malgré un scénario qui peut sembler assez peu original, ce film est un petit bijou. En effet, Hans-Christian Schmid (réalisateur) a choisi de disséquer les différents liens qui lient les membres d’une famille ordinaire au travers d’un moment tragique tel que le renoncement à un traitement médical et donc à la vie. Ainsi, au fur et à mesure que le week-end avance, chaque membre de la famille va exprimer sa colère, sa tristesse, ses peurs… mais surtout va manifester ses frustrations, sa jalousie (entre l’écrivain à succès habitant la capitale et le dentiste de province qui se saigne pour lancer son cabinet). Des trahisons vont être découvertes (l’infidélité du père)… et petit à petit le voile va se lever sur tout ce qui était resté enfoui depuis des années, offrant ainsi l’occasion de faire face à une certaine réalité.
Tel un troisième enfant de la famille, le spectateur reçoit chaque révélation de plein fouet, sans jamais les voir venir. Au-delà du drame familial qui se joue, il est aussi le témoin silencieux de la complexité de la position de la femme dans le foyer. Entre la mère aimante et fière de ses enfants, la femme bafouée, la femme courageuse qui affronte seule sa maladie - la maladie excluant et effrayant l’entourage… Et finalement, c’est ce personnage avec toute sa force qui ressort comme l’élément fédérateur de la cellule familiale et rend un bel hommage aux femmes. Ceci même si le personnage du jeune père célibataire interprété par Lars Eidinger l’est certainement aussi.
Avec un titre aussi peu convaincant, on peine à croire qu’« Un week-end en famille » trouvera son public. Il est pourtant un film d’une rare sensibilité et justesse, autant dans le jeu d’acteurs que dans sa réalisation.
Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur