THE PLEDGE
Un polar crépusculaire
Le troisième film de Sean Penn nous plonge dans une sombre histoire de viol et d'enquête parallèle que mène un flic à la retraite aux usages peu conventionnels. Mais cette enquête et le suspens qui lui est lié ne sont qu'un prétexte à détailler et creuser ce qui fait la fêlure du personnage de Jerry Black, homme solitaire, qui refuse de se retirer du monde et ira jusqu'à réaliser l'inexcusable, l'impardonnable, sous couvert de sens de la justice.
Sean Penn avait déjà dirigé Nicholson dans The Crossing Guard, aux côtés d'Anjelica Huston, où il le poussait déjà au bord de la folie. Ici le doute et la folie ordinnaire de cet homme obsédé par un but, certes noble, le pousseront aux limites non seulement du raisonnable, mais de l'accepptable.
La mise en scène habile, fluide et contemplative de Penn masque dans un premier temps les fissures d'un personnage sur le fil du rasoir, permettant au spectateur de mieux adhérer au portrait et aux paysages dépeints. Puis, devenue plus fine et observatrice, elle détaille les moindres failles d'un homme dans l'expectative qui refuse que son activité s'arrête et dont l'intégrité et des hasards malheureux le feront passer pour un fou. Le spectateur, lui se désolidarise peu à peu du personnage, qui finit d'autant plus seul.
Nichoson n'a jamais été aussi magistral et émouvant. Il est accompagné de Robin Wright, toujours toute en finesse et en douceur, et d'Aaron Ekhardt (le yuppie sadique de En compagnie des hommes, ou le motard drageur d'Erin Brokovich), encore une fois métamorphosé. Un chef d'œuvre d'angoisse et de suspens qui aurait mérité d'être amplement reconnu à Cannes, où il était présenté en compétition.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur