LE MAÎTRE EST L'ENFANT
Un sujet passionnant, une réalisation qui l'est moins
Alexandre Mourot, comme la plupart des papas, n’a eu d’yeux que pour sa fille quand elle est arrivait au monde. Et c’est justement en l’observant que quelque chose l’a frappé. Laissez un enfant libre de ses mouvements et il fera de lui-même mille et une expériences. C’est cette constatation qui le poussa à entreprendre un tournage de deux ans dans une classe de 3 à 6 ans de l’école Jeanne-d’Arc à Roubaix. Une classe un peu particulière puisqu’elle fonctionne selon les préceptes de la pédagogue Maria Montessori. Des préceptes que résument très bien le titre du film…
"Le maître est l'enfant", le premier film d'Alexandre Mourot, traite d’un sujet primordial puisque l'éducation, bien que trop souvent délaissée, constitue le fondement d'une société, car elle forme ceux qui la constitueront plus tard. Il est ici question de la méthode pédagogique élaborée par Maria Montessori en Italie au début du XXe siècle et qui porte aujourd'hui son nom. L'objectif revendiqué du film est de faire découvrir au spectateur cette "éducation nouvelle" pouvant paraître un peu déroutante au premier abord.
Tout commence donc lorsqu'Alexandre Mourot devient père. Obnubilé par sa fille, il réalise à quel point la découverte et l'expérimentation sont des sources de motivation pour un enfant. Cette introduction est illustrée par des images d'un bébé, d'abord à quatre pattes puis faisant ses premiers pas. Clair mais pas très inventif. Fasciné, Mourot mène des recherches et découvre qu'il est loin d'être le premier à avoir fait ce constat. Il lit notamment les écrits de Maria Montessori et prend contact avec des écoles qui appliquent ses méthodes. Pour mieux comprendre comment tout cela fonctionne, il décide d’aller sur le terrain caméra en main pour rendre compte de la vie quotidienne d'une telle classe. Ce sont donc ses nombreuses interrogations quant à l'éducation à donner à sa fille qui ont motivé la démarche d'Alexandre Mourot et qui rythment le film. Énoncées en voix-off, elles ponctuent le long-métrage sans pour autant qu'une structure claire s'en dégage. C'est l'un des principaux reproches que l'on peut faire à ce documentaire, son développement semblant un peu anarchique. Le film n'est pas vraiment organisé de manière chronologique, même s'il nous apparaît dans cet ordre. La progression ne se fait pas non plus via un jeu de questions/réponses, même si, comme nous le disions, les questionnements d'Alexandre Mourot nous sont dévoilés en voix-off par le réalisateur lui-même.
Mais ce n'est pas tout ! Le film est également parsemé de citations de Maria Montessori, lues par une voix féminine. Mais même si ces phrases apportent un complément d'information intéressant quant à la genèse de la méthode, elles ne clarifient pas vraiment le propos tant elles semblent aléatoirement réparties au cours du long-métrage. Certes elles illustrent une image ou une situation, mais elles ne constituent pas un cheminement logique qui permettrait de mieux voir où veut en venir Mourot avec son film.
Finalement, le réalisateur semble avant tout mû par l'envie de convaincre. Il ne s'agit pas d'amener le spectateur à se poser des questions sur cette méthode éducative alternative, mais plutôt de montrer tout son bienfondé et tous ses bienfaits. Plus qu'un documentaire basé sur une réflexion et des questionnements, "Le maître est l'enfant" est un plaidoyer pour la méthode Montessori et plus largement, pour les idéaux de liberté et d'égalité qui l'accompagnent.
Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur