LA PORTE D'ANNA
Une société qui refuse la folie
La patience mise dans cette véritable entreprise qu'a pu être le tournage de « La porte d'Anna » n'a d'égal que l'hommage vibrant que rend ce documentaire aux éducateurs présents dans le film. Car en évitant de mettre à l'image ceux qui se découragent et ne reviennent pas l'année suivante, c'est au courage de ceux qui restent que s'adresse l'encouragement. Montrant leur travail de fourmi, au travers de répétitifs jeux de logique, d'enseignement du sport ou de la cuisine, de stimulation de l'imagination, le film met en évidence à la fois les limites des enfants et leurs difficultés à contrôler leurs troubles du comportement, et la nécessité pour ceux qui les entourent de rester vigilant à chaque instant, et de ne rien lâcher.
Après une introduction autour d'Idriss, 14 ans, qui s'intéresse à la caméra et aux intrus que constituent les documentaristes, la présence de l'équipe du film se fait peu à peu oublier. Ponctué de pertinentes interview, « La porte d'Anna » arrive à pointer un danger latent, certains adolescents, bien plus imposants que les adultes, pouvant faire preuve de gestes violents. Il dispose sur la fin d'un troublant discours sur la différence entre autiste et psychotique, et mettant en évidence le refus de la société actuelle de considérer l'enfant comme potentiellement fou. Enfant, il exprime surtout, avec intelligence, la nécessite de relativiser quant aux progrès réalisés, soulignant qu'il faut accepter, pour les soignants comme pour l'entourage, de ne pas de se fixer d'objectifs en terme de résultats, ceux-ci étant souvent provisoires ou passagers.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur