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EVERYONE'S GOING TO DIE

Un film de

Se jeter à l'eau

Dans un café, une jeune femme fait la connaissance d'un homme supposé se rendre à l'enterrement de son frère. Mais celui-ci a un revolver à silencieux et une mission à accomplir. Quant à elle, elle doit garder une petite fille et est sensée faire tout ce que cette dernière veut...

Il est de ces petits films doux amers qui vous laissent quelques marques. C'est le cas de l'œuvre britannique "Everyone's Going to Die", comédie cynique qui tire son titre de l'étrange pièce que fait interpréter la fille du défunt frère après les funérailles. Les deux portraits des personnages principaux sont certes peu reluisants (l'homme comme la jeune femme sont tous deux en crise de couple, mais aussi au final, de vocation), le ton est certes décalé, mais c'est pour mieux aborder des sujets essentiels à la vie de tout un chacun. Est-on capable de tout remettre en cause et de se jeter à nouveau à l'eau pour quelqu'un, ou ne serait-ce que pour sa propre survie ? Peut-on pardonner à ceux qui sont partis, ou sont sortis de notre vie d'une manière ou d'une autre ? Peut-on se pardonner à soi-même ses propres erreurs ?

Bercé de bizarreries (la belle sœur persuadée que son mari est réapparu sous forme de chat...), le scénario donne dans un humour noir réjouissant (les éléments que l'on taira qui finissent dans le coffre de notre anti-héros, la rencontre hallucinante avec la belle famille...). Soulignant le pathétique des personnages (la fille trouve un job de serveuse, sur patins à roulettes, déguisée en castor...) le film adopte un ton désabusé particulièrement adapté à ce double portrait de gentils losers qui retrouvent l'un en l'autre une raison de se battre pour un meilleur destin. Mais il flirte aussi avec le fantastique, révélant grâce à de subtils effets, le traumatisme du personnage masculin.

Un film dopé aux espoirs secrets, où la musique joue un rôle fondamental, comme pour mieux signifier le besoin de chacun de se protéger face à la rudesse du monde (la musique jaillit notamment quand le personnage féminin met ses écouteurs...), mais qui donne aussi envie de s'y confronter, en tentant sa chance. Preuve en est la scène, magnifique de simplicité, où les deux héros communiquent enfin, en boîte de nuit, taisant les dialogues pour mieux donner à voir une autre forme de communication et de complicité naissante.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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