AVANT D'ALLER DORMIR
Crédibilité zéro
Sur la même base de départ que le fabuleux « Memento » de Christopher Nolan, la perte de la mémoire instantanée, Rowan Joffe tente de construire un thriller paranoïaque et claustrophobe. Il faut dire que ce principe laisse le personnage comme le spectateur vulnérables à la moindre manipulation ou mensonge, en brouillant dès le début tous les repères. Nolan en avait fait un effrayant puzzle construit à l'envers, Peter Segal en avait fait une comédie romantique douce amère avec Adam Sandler tentant chaque jour de reconquérir sa belle dans « Amour et amnésie », quant à Andrew Stanton et Lee Unkrich, ils nous avaient offert de francs moments de rigolade avec Dorie – Mais qui êtes-vous ? - le poisson chirurgien dans « Le monde de Némo ».
Si les plans étrangement cadrés, les intérieurs glacés, les couleurs ternes de « Avant d'aller dormir » participent dans un premier temps à la création d'une ambiance anxiogène, le soufflé retombe très vite face aux incohérences grandissantes d'un scénario qui cherche vainement une issue de sortie. Admettons que l'on passe sur les effets de soudains flash-back expliquant l'accident (ou l'agression), rapidement évacués dans leur signification puisque thérapeutiquement présentés comme des séquelles mobilisant l'imagination du personnage. Reste qu'au regard de l'explication finale, la présence du docteur ignoré du mari paraît quasi impossible. Quant aux opportuns coups de fil de la sœur, ils sont encore plus improbables. Pas la peine de vous triturer les méninges, le scénario ne tient tout simplement pas debout. Dommage pour Nicole Kidman, dont la fragilité et la détresse fuyante auraient pu faire des merveilles.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur