ALLÉLUIA
Une jalousie envahissante
Alors que "Colt 45" sortira à peine au beau milieu de l’été, la Quinzaine des réalisateurs 2014 nous a permis de découvrir le nouveau film du Belge Fabrice du Weltz ("Vinyan"). Adepte des atmosphères étranges, l’auteur nous livre dès le début l’inquiétant portrait d’un homme, adepte de sortes de cérémonies vaudous, où il « convoque les éléments » pour s’assurer un succès dans la séduction, puis qui une fois sa cible atteinte, fouille partout et sniffe les chaussures de sa conquête.
Annoncée comme le second volet d’une trilogie ardennaise, après le choc "Calvaire", cette œuvre, débutant à la manière d’un mystérieux thriller, aura vite fait de basculer dans le film d’horreur, un rien gore, mâtiné d’un humour très noir. "Alléluia" séduit ainsi rapidement par son mélange d'humour noir et de violence débridée, et surtout par son casting perturbé, composé de Laurent Lucas, regard sombre et inquiétant, manipulateur tout de même un peu dépassé par les événements, et Lola Dueñas (la passagère vierge du dernier Almodovar, "Les Amants passagers"), petite furie aux élans dévastateurs, aussi réjouissante qu’impulsive.
Car la jalousie du personnage féminin est au centre de cette intrigue chapitrée selon les noms des femmes séduites par couple (après Gloria l’Espagnole, il y aura Marguerite, Gabrielle et Solange). Contrecarrant ironiquement les arrangements méticuleux de son arnaqueur de compagnon, au nom d’un amour à la fois envahissant et passionnel, ses excès de violence obligeront le couple à faire le ménage de manières peu orthodoxes après leurs méfaits, et à revoir régulièrement leurs plans. C’est au final grâce à un scénario surprenant et deux interprètes qui semblent réellement s’amuser que cette petite curiosité trouvera le chemin de vos zygomatiques, faisant au passage hérisser vos poils en tous genres.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur