CONTRE TOI
Petit film et grands comédiens
Prenez une pièce vide, mettez-y un matelas crasseux, un seau pour les commodités et Kristin Scott Thomas. Saupoudrez les journées des visites régulières du geôlier Pio Marmai, faîtes apparaître pour l'occasion une multitude de sentiments contradictoires, vous obtiendrez un huis-clos étouffant, illustration intéressante du syndrome de Stockholm. L'histoire en elle-même est moins passionnante que la relation étrange qu'entretiennent les deux personnages. Ce qui donne au film de l'intérêt, c'est justement l'apparition d'un lien ténu qui unit subrepticement les deux comédiens et rend leurs scènes ensemble particulièrement intenses et oppressantes. L'animosité de Pio Marmai confrontée à la froideur contrôlée de Kristin Scott Thomas électrisent le récit dont le dénouement est à l'image de leur relation : incompréhensible et désespéré.
Par ailleurs, l'histoire souffre d'un manque de rythme dû à une absence totale de rebondissements. Cela est néanmoins voulu, le film étant avant tout centré sur la peinture psychologique de ses personnages plus que sur les conséquences concrètes de l'enlèvement. Les deux comédiens, habités, portent véritablement le film sur leurs épaules, nous sauvent de l'ennui et sauveront pour un moment le film de l'oubli. « Contre toi » est donc une œuvre de qualité mais qui aura du mal à survivre dans la mémoire des spectateurs du fait de l'aspect un peu trop anecdotique de son histoire.
Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur