LAND OF PLENTY
« Land of plenty », quand le rien ne crée par tout
Dans son dernier film, « Land of plenty », Wim Wenders aborde un sujet délicat : l'après 11 septembre. Si Michaël Moore a opté pour la dénonciation de destruction massive avec « Fahrenheit 9/11 », le réalisateur d'origine allemande reste dans le discret, le particulier. « Land of plenty », ou la rencontre entre Lana, 20 ans, jeune croyante pleine de pensées pacifistes, et Paul, ancien vétéran que la guerre du Vietnam a rendu un peu fou et beaucoup parano.
Difficile, seulement deux ans après les attentats, de dresser un portrait de l'Amérique. Les esprits sont encore échauffés, les rancœurs douloureuses, les opinions contraires. A mi-chemin entre la fiction et le documentaire (Wenders a décidément des restes de « Buena Vista Social Club » et de « The soul of a man »), le petit dernier peine à trouver ses marques, à se définir. Et à se remplir. Pendant près de deux heures, Paul, du haut de sa tour d'ivoire, guette les potentiels dangers susceptibles de créer un nouveau 11 septembre, tandis que Lana offre aux malheureux un repas et un sourire. Les deux protagonistes se heurtent sans jamais vraiment s'écouter, jusqu'à une scène finale, où, là non plus, il ne passe pas grand-chose, il ne se dit pas grand-chose.
« Le scénario a été écrit en quelques jours seulement. C'est comme cela que j'ai réussi certains de mes meilleurs films », a déclaré Wenders. Celui-ci n'en fera certainement pas partie. « Land of plenty », terre d'abondance, ou comment faire du rien avec… rien. On arrive à trois fois rien, une histoire médiocre, longue. Michelle Williams et John Diehl ont beau y mettre une certaine vérité, les flous sonnent faux et les discours creux.
Lucie AnthouardEnvoyer un message au rédacteur