CONFESSIONS D’UN ENFANT DU SIÈCLE
Je t’aime Mélancolie
Des silhouettes se croisent dans les alcôves enfumées de salons capitonnés, alors que dentelles et jabots virevoltent dans une musique enivrante de Sébastien Tellier. Ainsi débutent les confessions d’Octave, un enfant d’un autre siècle. Le préambule, sublime, promet un film aux antipodes du classicisme convenu propre à ce genre d’adaptations littéraires. Malheureusement, cette magnifique atmosphère éthérée s’évapore petit à petit pour laisser place à un style empesé bien moins digeste. Le film, bien qu’esthétique, se noie dans des dialogues complexes, trop bien écrits pour sembler naturels. Les réflexions philosophiques incessantes de Peter Doherty lassent très vite, plongeant le spectateur dans un ennui profond.
Peu d’émotions se détachent de cette quête existentielle, basée sur la recherche du bonheur par un homme à qui il ne manque rien. L’histoire d’amour qui le rapproche de Brigitte est très vite conclue pour se perdre ensuite dans les méandres du « je t’aime donc je te fuis ». La seule passion ressentie semble être celle de la réalisatrice pour son interprète principal, car elle lui consacre l’essentiel de son film. Les autres acteurs, bien que brillants, se contentent uniquement de donner la réplique à l’acteur britannique. À croire qu’ils ont été choisis pour la seule raison d’être bilingues (Charlotte Gainsbourg, Guillaume Gallienne…).
Peter Doherty arrive pourtant à s’imposer dans son personnage de dandy torturé. Certes, le musicien dégage naturellement cette désinvolture d’écorché vif, néanmoins il tient son rôle avec une certaine élégance. Quel dommage que la passion orageuse ait été reléguée au profit de verbiages philosophiques profondément soporifiques ! Un hors-sujet qui détonne dans la filmographie de Sylvie Verheyde, qui jusqu’à présent retranscrivait avec beaucoup de finesse et de fraicheur la complexité des rapports humains. Véritable portrait d’une époque sur le papier, « Les Confession d’un enfant du siècle « perd ici de sa superbe en éclipsant l’essence-même de l’œuvre : la liaison fusionnelle d’Alfred de Musset avec George Sand, deux enfants désabusés, souffrant d’être nés entre deux siècles.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur