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A CURE FOR LIFE

Un film de Gore Verbinski

Un film enfermé puis noyé dans ses références

Un jeune trader d’une grande firme sur le point de faire une fusion est missionné par le conseil d’administration pour ramener son PDG. Celui-ci a adressé une lettre des plus étranges depuis l’institut qu’il a choisi pour ses vacances…

Le fameux réalisateur de la trilogie "Pirates des Caraïbes" est de retour avec un film sombre, tortueux et tordu. Tout commence dans une salle des marchés complètement vide dans laquelle un des meilleurs traders fait une crise cardiaque quelque peu sur-jouée. C’est très rapidement l’introduction du protagoniste, Lockhart, un autre acharné du travail qui est convoqué dans le bureau du conseil pour s’expliquer sur des magouilles qui pourraient mettre en péril la fusion sur le point d’être conclue. Lockhart est menacé d’être dénoncé mais pour calmer les autorités, il faudrait la tête d’un des membres du conseil. Comme le hasard fait bien les choses, il semble que le PDG de la firme ait soudainement eu une révélation sur la vacuité de la poursuite du capital et ait décidé de rester dans une station thermale au fin fond de la Suisse. On apprend également accessoirement que le trader venant de mourir était assez proche du grand ponte ce qui n’aura d’ailleurs aucun intérêt pour la suite de l’histoire mais ceci a pour effet de faire incomber la tâche de ramener le patron à New York à M. Lockhart. Bon, avouons-le, l’entrée en matière du film est placée sous le dicton : « Pourquoi faire simple lorsque l’on peut faire compliqué ».

L’histoire ne débute réellement que lorsque Lockhart se fait escorter jusqu’à cet imposant château planté sous une source de jouvence où de vieux riches éreintés par les responsabilités d'"exécutifs" semblent être comme des coqs en pâte. D’emblée, Gore Verbinski cumule les clichés du thriller psychologique/horreur avec une vieille légende qui aura bien sûr son importance, du personnel dont le sur-jeu évident implique que quelque chose de pas net se trame dans ces murs malgré la béatitude constante des patients, une jeune femme mystérieuse qui tape dans l’œil du héros et bien sûr un grand domaine dont certains recoins semblent très louches pour une station thermale. Bref, la finesse n’est visiblement pas le truc de Gore et, pour un spectateur aguerri, il a déjà livré les principales clés de l’intrigue avant même de passer la demi-heure. Le film fait deux heures et demie au fait.

Donc au cours des deux heures restantes, Gore Verbinski s’applique à peaufiner son ambiance pesante, ses scènes de tortures et à essayer de parfaire les plagiats de certains plans de "Shutter Island" et du "Prisonnier ". Le travail sur la photographie/étalonnage fait d’ailleurs penser au film avec DiCaprio. Même Dan DeHaan rappelle DiCaprio… Sauf que Verbinski n’a pas la manière qu’a Scorsese de construire son ambiance sans fausse note. Car "A Cure for life" tente tellement d’entasser les clichés du genre que certaines séquences en deviennent sacrément risibles (celle du bar ou le plan final) voire embarrassantes (la cérémonie nuptiale). Néanmoins, certaines autres fonctionnent et l’on constatera que c’est dans le torture porn et les séquences d’épouvantes mettant en scène de l’eau que le réalisateur du remake de "The Ring" excelle. Il n’a plus qu’à refaire celui de "Dark Water", alors ! A moins qu’il ne finisse par sortir l’adaptation de "Bioshock". Qui sait, ils seront peut-être plus efficaces ?

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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