LA BANDE DES JOTAS
Un raté (presque) total !
On la connaissait en duo avec Vincent Paronnaud dans des films quasi-autobiographiques : voici le premier projet cinématographique, en solo, de la talentueuse Marjane Satrapi. Délaissant l’univers visuel de ses romans graphiques, la cinéaste a décidé de s’attaquer, par le prisme de la comédie, à une histoire de gangsters. Multipliant les casquettes (réalisatrice, scénariste, actrice, productrice et chef décoratrice), elle nous livre un objet cinématographique non identifié, entre comédie potache et drame mafioso, entre road-movie et film d’époque. Le pitch de départ est simple et absurde : après un échange de valises à l’aéroport, deux joueurs de badminton se retrouvent à protéger une femme de la « bande des jotas », clan de mafieux dont tous les prénoms comment par un « j ».
Malheureusement, ce long-métrage narcissique ne dépasse jamais le stade de la mauvaise blague entre potes, dont le seul intérêt est de s’auto-congratuler. En roue libre et avec un budget minime, Marjane Satrapi a essayé de retranscrire à l’écran une folie enthousiasmante, par la multiplication de républiques absurdes et de sketchs grotesques. Néanmoins, l’envie de la cinéaste ne parvient jamais à se concrétiser sur la toile, offrant aux spectateurs une succession de saynètes sans aucune drôlerie, entrecoupées de dialogues affligeants et indigestes. Dans une mise en scène maladroite et horripilante, même l’exubérance de la composition de Marjane Satrapi ne parvient pas à combler la vacuité formelle et scénaristique du métrage.
En s’enfermant dans son histoire, la réalisatrice a oublié d’inclure le spectateur. Celui-ci n’y trouvera ainsi que l’ennui (ou un profond sommeil pour les moins endurants). Car si les paysages sont magnifiques, il est difficile de trouver quelque chose d’autre qui nous tienne éveillé devant cette histoire invraisemblable et interminable, racontée sur un rythme paresseux. Le côté baroque et l’absurdité recherchée des dialogues ne créent absolument pas le mystère souhaité, du fait de leur manque d’ingéniosité. S’il est certain que les trois partenaires se sont amusés à fabriquer ce home-made movie, le résultat est beaucoup plus incertain pour le spectateur. Pour cette première incursion dans la pure fiction, Marjane Satrapi n’est pas loin du fiasco total. Mais au vu de ses précédentes réalisations, nous ne lui en tiendrons pas rigueur. Après tout, l’erreur est humaine !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur