LE PREMIER CRI
Un moment naturel
Le voyage que Gilles de Maistre nous propose, sur fond d'une musique hypnotique de Armand Amar, est fait de morceaux de reportages sur les derniers jours de grossesses au sein de différentes civilisation des tribus Massaï, aux Touaregs, en passant par le coeur de Paris ou les steppes enneigées de Sibérie. Difficile d'y déceler cependant un quelconque discours, le film mettant initialement l'accent sur le « naturel » de la naissance, au travers de portraits de femme souhaitant donner la vie dans l'eau (au Mexique) ou entouré de leurs amis en femme « libre » (au Canada), puis abandonnant cet angle pour s'intéresser aux croyances autour de la naissance, qu'elles soient médicales ou religieuses.
De plus, le suivi de nombreux destins, pas tous heureux, oblige à découper le film en séries de portraits simultanés, qui diluent l'attention du spectateur. Et la logique disparaît un peu plus, lorsque le documentaire sort de ses propres codes, en suivant en Asie, non pas le destin d'une femme, mais le quotidien d'un gynécologue, perdu au milieu des bébés étiquetés à la vite de la maternité la plus active du monde (plus de 120 bébés par jour). Cette vision effrayante, d'une production à la chaîne, n'entame cependant pas l'aspect humain de l'acte et du film, servi par la qualité sans égale de sa photographie. Une expérience hors du temps, vers ce qui devrait être l'un des plus beaux moments de la vie.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur