ICI ET LA BAS
Il était une fois au Mexique
Ce qui frappe d'entrée de jeu dans le film d'Antonio Mendez Esparza, c'est la force des personnages et la justesse de leur interprétation, à tel point que l'on est en droit de se demander où se trouve la limite entre réalité et fiction dans cette histoire découpée en plusieurs actes sur un jeune mexicain et son entourage. L'innocence de certains est tellement palpable que l'on pardonne même aux plus jeunes certains défauts de débutants, comme quelques regards caméra, trahissant la présence d'une mise en scène.
Cette mise en scène justement, d'un minimalisme qui égale sa rapidité pour aller à l'essentiel, donne un résultat proche de ses personnages et instaure une distance humaine avec le spectateur. Il ne se passe pas grand chose à l'écran, mais l'ensemble sonne résolument juste et réaliste.
Découpé en plusieurs actes, ajoutant chacun un élément à l'histoire, l'ensemble devient légèrement inégal, mais jamais bancal. Dans la première partie, Pedro rentre de New York et essaye de recoller, après deux ans d'absence, à son quotidien, en se retrouvant confronté à des difficultés liées à son absence (sa femme ne veut pas faire l'amour tout de suite, les petits cousins ont peur de lui car ils ne le connaissent pas, il n'a pas d'autorité sur ses filles, il a des problèmes pour remonter un groupe) qu'il va surmonter. S'ensuit un voyage jusqu'à la grande ville car sa femme va devoir accoucher dans des conditions difficiles. À partir de là, le réalisateur, va introduire une seconde histoire, celle d'un jeune ramasseur de maïs (collègue de Pedro), danseur de break-dance, qui après avoir rencontré une jeune fille du village (Aqui), va demander à Pedro de l'aider à repartir à New York (Alla).
Réduisant petit à petit, chapitre après chapitre, la place de la première histoire, au profit de la seconde, c'est ici que le film commence à perdre en intérêt. Car même si l'évolution du personnage du gamin renvoie au passé de Pedro, on perd ici la qualité principale du film, à savoir cette petite famille mexicaine typique, au profit d'une histoire "d'envie de changer de décors", ce qui donne plus de visibilité à la réalisation minimaliste d'Antonio Mendez Esparza, ne proposant jamais autre chose que la volonté de se reposer sur ses acteurs bluffants de vérité.
François ReyEnvoyer un message au rédacteur