EVERYTHING, EVERYTHING
Un film aseptisé
Adapté d'un roman écrit par l'anglaise Nicola Yoon et publié en 2015, Everything Everything est un film pour adolescent(e)s comme il en existe des dizaines voire des centaines. Mais là où des longs-métrages comme Le monde de Charlie ou Submarine se distinguaient par une forte identité et une vraie originalité, Everything Everything nous apparaît comme fade et aseptisé, à l'image de la chambre de Maddy où rien de vraiment surprenant ne se passe et qu'il lui faudra quitter pour enfin trouver l'épanouissement. Stella Meghie ne prend pas de risque, préférant la sécurité de nombreux lieux communs, que ce soit du point de vue de la mise en scène ou de la narration. Comme dans un texte mal écrit, il y a des répétitions et des formulations maladroites. Ainsi, on a le sentiment que le jeune couple – si on peut appeler ainsi des gens qui discutent par texto depuis deux semaines – passe son temps à se faire coucou par la fenêtre et à jouer au portrait chinois.
Et c'est la même chose lorsqu'on s'intéresse aux personnages. Olly est le stéréotype du brun ténébreux. Il est mystérieux et un peu bad boy sur les bords. Il a une histoire personnelle difficile puisque son père est alcoolique, n'arrive pas à garder un emploi et bat sa mère, bref, il est le personnage marqué par la vie. Sauf qu'avec son sourire Colgate et son air de petit frère de Chris Hemsworth, le jeune acteur est beaucoup moins crédible qu'un Freddie Highmore – notamment dans Le jour où je l'ai rencontré – ou qu'un Craig Roberts – dans <Submarine. Même si le casting a été meilleur pour l'actrice principale, Amandla Stenberg n'en est pas pour autant meilleure que son partenaire. En outre, malgré une histoire au potentiel émotionnel énorme, les lacunes dans le jeu des interprètes – qu'elles viennent d'un manque de talent ou bien de grosses carences quant à la direction d'acteurs – nous empêchent de vraiment rentrer dans le film et de développer de l'empathie pour les deux protagonistes.
Heureusement, un twist de fin plutôt bienvenu permet au long-métrage de ne pas sombrer complètement. Même s'il est assez prévisible, c'est de loin l'élément scénaristique le plus convaincant du film qui était jusque-là assez plat. Cet élément final ne fait pas d'Everything Everything un bon film, mais il nous évite de nous dire que cette heure et demi de visionnage était une perte sèche de temps et d'argent. On quitte tout de même la salle déçu, en se disant qu'une telle histoire, mieux traitée, aurait sans doute pu donner un film d'une toute autre qualité.
Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur