SEPT VIES
Sept vies en sept jours
Aux Etats-Unis comme en Italie, Gabriele Muccino semble s’être auto-proclamé spécialiste du drame émotionnel, familial ou non, après avoir mis en scène « Juste un baiser » dans son pays puis « A la recherche du bonheur » à Hollywood, avec Will Smith comme acteur et producteur. « Sept vies » rejoue avec les mêmes cartes : l’Italien aux commandes, le comédien dans le rôle titre et à la production, les émotions déchirantes comme centre de l’histoire et de la mise en scène. Dans cette histoire, Ben Thomas, homme mystérieux dont le traumatisme secret ne reste pas secret bien longtemps, se dédie à venir en aide à des personnes préalablement choisies et testées : une dame malade, un pianiste aveugle, un enfant qui a besoin de moelle épinière, etc. Tandis que son curieux projet se met en place, il rencontre une jeune cardiaque, Emily Posa, une belle femme à laquelle il s’attache plus que de raison.
Que l’on soit sensible ou non au genre du drame émotionnel, avec tout ce qu’il implique de codes grossiers et d’ostensibles ficelles sentimentales, il faut avouer que le cinéma américain est objectivement le meilleur pour tirer sur la corde sensible. « Sept vies » a un sujet très marqué, voué sans doute à faire pleurnicher les foules, mais il tend à une certaine épuration émotionnelle et esthétique qui passe par un usage presque obsessionnel du gros plan dans le filmage des visages. L’audace d’un tel film, en même temps que sa force, vient donc profondément des acteurs, qui se doivent d’être excellents : Will Smith, déjà nominé à l’oscar pour « A la recherche du bonheur », prouve une fois n’est pas coutume qu’il est un comédien formidable, profondément touchant, sensible à l’extrême ; face à lui, Rosario Dawson, condamnée à la mort, sonne tout aussi juste.
Les quelques défauts de « Sept vies » n’empêchent nullement de se laisser prendre par la fable, surtout quand elle est racontée avec talent, mais ils existent et menacent discrètement l’ensemble de déséquilibre. En particulier, le film est quelque peu plombé par une partie centrale plus faible, lorsque la relation entre Ben et Emily prend le pas sur le « mystère » narratif – parfaitement organisé autour d’un flashback subtilement montré – et que le spectateur, qui n’est pas dupe, comprend doucement de quoi il en retourne. L’autre défaut n’en est pas vraiment un : c’est le fait que ces hommes et ces femmes normaux ont les visages et les corps parfaits de Will Smith et de Rosario Dawson, métaphores de l’humanité dans ce qu’elle a de meilleur et de plus beau. N’empêche que la fable fonctionne à plein, et parvient, même si c’est le but avoué, à tirer quelques larmes lors de son final.
Eric NuevoEnvoyer un message au rédacteurÀ LIRE ÉGALEMENT
COMMENTAIRES
pessoa
samedi 2 mai - 7h20
une chose vous a échappé : la recherche du bonheur a failli l’emporter sur le thème de la Rédemption : ce n’est que parce que la doctoresse lui a confirmé qu’il n’aurait pas pu y parvenir longtemps ( 5% de chances ) qu’il y renonce. C’est plus tragique que dramatique .