FIRAAQ

La persécution des minorités musulmanes dans les régions de l’Inde proche du Pakistan est le sujet central de ce film choral. Divers destins s’y croisent, s’imbriquant peu à peu de manière efficace : celui d’un couple mixte musulman-hindoue, d’une femme hantée par ses actes, d’un enfant orphelin qui ignore qu'il a perdu ses parents, de deux voleurs improvisés, et d’un couple dont la maison a été brûlée... Si chacune de ces histoires captive de manière inégale, elle prenent chacune une tournure inattendue, révélatrice des lâchetés des uns, du courage des autres, et surtout de la paranoïa ambiante, génératrice de tensions jusqu’au coeur des plus grandes amitiés, voire des familles.

Le scénario est plutôt finement écrit, donnant place à l'émotion, sans jamais tomber dans le misérabilisme. La réalisatrice filme avec son coeur et réussit progressivement à communiquer au spectateur l’inquiétude, et même la culpabilité, qui rongent ses personnages, ceci au travers notamment des visions (très réussies) qu’a la vieille dame, revivant un passé récent peu glorieux. Sans crier au génie, ce film provoque suffisamment de révolte pour être efficace.