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FIN DE PARTIE

Un drame teinté de bienveillance traitant d'un sujet rare et délicat : l'euthanasie

Dans une maison de retraite de Jérusalem, un vieil homme passe chaque jour des coups de fil à une vieille dame, en se faisant passer pour Dieu, pour lui indiquer qu'elle ne peut pas mourir tout de suite, faute de places disponibles au paradis. Mari aimant et créateur d'inventions plus ou moins farfelues, il va tenter d'aider, avec quatre autres pensionnaires, un ami à moins souffrir, voire à passer dans l'au-delà...

L'euthanasie est forcément un sujet délicat, et rares sont les films qui l'abordent de manière aussi frontale. "Fin de partie" est de ceux-là et, sous couvert d'un humour à froid, il se moque gentiment de l'issue fatale qui attend tous ces joyeux bons vivants. Avec l'histoire d'un groupe de personnes âgées, parmi lesquelles un inventeur un peu barge qui va devenir l’acteur indirect de la mort des autres, Sharon Maymon et Tal Granit réussissent un drame teinté de bienveillance. Les réalisateurs osent non seulement montrer que la vie continue en maison de retraite, où on trouve toute sorte de résidents (dont l'homo avec un « homme dans le placard »), mais aussi que la conscience de son propre état est la pire des souffrances (comme cette femme atteinte d'Alzheimer qui sait qu'elle « disparaît » et ne sera « bientôt qu'une coquille vide »).

Au travers de répliques fort justes et de situations rocambolesques (les multiples arrestations par le même policier, la scène de la réunion dans la serre...), c'est finalement la responsabilité de chacun envers ceux qu'il aime qui est questionnée. Traité avec beaucoup de tact, le sujet du passage volontaire dans l'au-delà, trouve une résonance dans d'autres interrogations finement amenées et génératrices d'émotion, telles l'acceptation de laisser partir un proche, la capacité de comprendre sa souffrance et la volonté d'apporter une aide qui ne trouve pas son fondement dans sa propre peur ou son égoïsme.

Ce film israélien, découvert en 2014 aux Journées des auteurs du Festival de Venise, s'avère finalement autant fantasque dans sa manière d'aborder un sujet difficile, que cruel dans les conclusions qu'il peut amener (voir la femme qui constate dépitée qu'elle est « toute seule là-dedans »). Il est porteur de messages que les politiques comme les religieux devraient pouvoir entendre, et renvoie les proches des malades à leur propre ressenti, leur compassion et leur capacité à apporter réconfort et aide. Un film tout simplement bouleversant.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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