AMERICAN HERO
Une trop grande distance
Alors qu’il vient de perdre la garde de sa fille, Melvin, sans emploi, ne sait pas trop quoi faire d’un don particulier qu’il a. Il est en effet capable de déplacer ou déformer toutes sortes d’objets…
Étonnant, le parti pris de mise en scène de "American Hero" devrait nous rapprocher de son personnage principal. En effet, dès les premières images, nous sommes invités par l'un de ses amis, Lucille, Afro-américain en fauteuil roulant, à le découvrir dans son état de délabrement quasi permanent. La caméra les suit alors tous les deux, tremblante, à la manière d'un reportage, puis devient indépendante, mais permet aux protagonistes de s'adresser ponctuellement à elle, invitant le spectateur à faire office de témoin des agissements de cet homme-adolescent.
Entre alertes diverses sur sa santé, fêtes arrosées ou beuveries, et découverte de ses capacités, le scénario oscille ainsi sur fond de discours sur la responsabilité et le passage à l'âge adulte, avant de virer au règlement de compte avec les gangs locaux. Mais jamais le personnage de Stefen Dorff, ami désinvolte, jouisseur et dragueur injurieux, ne réussit à créer de réelle empathie, malgré les ennuis qui s'accumulent.
Du coup ce faux reportage, qui sans être un found-footage fait forcément penser à "Chronicle" de par les phénomènes ponctuellement montrés, sonne un peu artificiel de bout en bout, quand ce n'est pas carrément empreint de voyeurisme. Car toute la misère d'une certaine Amérique montrée ici semble comme des instants volés où nous ne sommes au final que de très distants observateurs.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur