ZOMBILLÉNIUM
Un film bourré d'idées modernes et d'éléments parodiques
Un contrôleur véreux décide de s’attaquer à un parc d’attraction construit sur une ancienne mine, afin de le faire fermer. Il découvre alors que la légende locale est vraie, le directeur étant un serviteur du diable et les employés des vampires, loups-garous et autres zombies… Devenu lui-même un zombie, il va tout faire pour revoir sa fille Lucie…
Adapté de la BD du même nom, "Zombillénium" est l'un des films d'animation français événements de l'année 2017, dont nous avions, à Abus de ciné, suivi de près la production prometteuse, lors de plusieurs éditions du Cartoon Movie. Après une présentation en séance enfants au Festival de Cannes, le film a fait l'ouverture en fanfare du Festival international du film d'animation d'Annecy devant une salle comble, déployant à la fois ses qualités sonores et graphiques.
Après une introduction permettant de cerner le personnage principal, dont on nous contera l'évolution morale au fil du récit, le très beau générique de début (en rouge et bleu, visiblement inspiré d'affiches communistes) permet de poser la légende locale voulant que les mineurs décédés soient revenus travailler dans le parc. S'ensuit un joli conte sur l'amour parental, une série d'aventures exposées à 100 à l'heure, avec comme enjeu le redressement des comptes du parc en créant des attractions qui font réellement peur. De la rébellion d'un père qui n'accepte pas son état et sa surveillante de sorcière aux déboires de la gamine face à sa maîtresse tyrannique, la série de portraits est diablement séduisante.
Graphiquement, le traitement est très proche de la bande dessinée, avec des à plats de couleur à la fois pour les visages et les cheveux, mais aussi dans certains éléments de décors, dont même l'ombrage peut être absent. Si le film est avant tout bourré d'idées modernes comme la représentation du diable (des flammes qui sortent d'un écran de télé ou de téléphone portable) ou celle du gardien des enfers (Cerbère avec non seulement deux têtes, mais aussi une bouille de roquet centrale), il fourmille également de détails croustillants (le balai-skateboard de la sorcière) et d'éléments parodiques (les allusions à "Thriller" ou au héros glamour de la saga "Twilight", la musique des "Corons" de Pierre Bachelet au violon...).
Les dialogues sont également plutôt bien sentis (la momie qui n'a pas d'amis, parce qu’« ils étaient tous ses esclaves »...) et le scénario se moque au passage du marketing à outrance et fait des allusions à la ségrégation rampante. Le slogan pour le nouveau parc est d'ailleurs plus qu'amusant : « Vampirama, il faudrait être un zombie pour ne pas aimer ça ». Amusant et bourré d'action, "Zombillenium" nous embarque dans un trip surprenant et sortira en salles pour les vacances de la Toussaint.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur