THE GOOD HEART
Et cela partait pourtant d'un bon sentiment...
"The Good Heart" se veut être sur le papier un film aux allures de comédie dramatique et au jeu de rôles innovant. Mais nous en sommes bien loin. Le film nous laisse finalement découvrir, pendant 96 minutes, une bonne et... un tas de mauvaises nouvelles.
Commençons par la bonne nouvelle : Brian Cox, qui incarne le rôle de Jack, est assez convainquant. Aigri, cynique et débordant de préjugés, il a l'avantage de nous faire rire et ainsi de nous extirper, par de trop rares moments, de cette soupe indigeste. Soupe où plus précisément, deux cheveux sortis de nulle part, viennent à nous dégouter de ce fin menu.
Tout d'abord, la relation entre les deux hommes s'établit par on ne sait quel miracle. Tous les deux hospitalisés, ils ont ce plaisir de partager une partie de freezbe et une bataille corse à la cafétéria de l'hôpital. Trois jours après, Jack, se sentant proche de la mort, décide de prendre sous son épaule le jeune homme suicidaire, et d'en faire son légataire officiel. Eh oui, ça a clairement du sens et cela donne des idées. Si vous croisez le regard d'un richissime mourant, tentez votre chance: invitez-le au ciné et terminez la soirée par une partie craps. Vous serez peut-être millionnaire demain... Dommage que le scénariste n'ait pas plus développé la construction de la relation, cela nous aurait sans doute semblé moins improbable.
Le deuxième cheveu, celui là, est blond et de grande taille: le personnage d'April, pauvrement interprété par Isild Le Besco. Aucun historique, aucun contexte, elle débarque dans ce bar comme un somnambule débarquerait dans votre cuisine à 2 heures du matin. Ses réactions et ses choix sont infondés et ne collent pas à l'histoire. Si l'auteur a voulu rendre un effet de poésie, nous en sommes très, très loin et je m'arrêterai là. Car le réalisateur garde encore quelques tours de ce genre dans sa bobine.
Globalement, Dagur Kári avait son idée derrière la tête et je pense qu'elle n'a pas bougé de place à ce jour. Ne sachant pas retranscrire le juste ton et sa créativité, on ne s'étonne plus à anticiper une scène sur deux. L'histoire n'en est pas moins triste et belle de loin, avec de jolis plans et des séquences visuelles agréables. Dommage que Dagur n'ait pas plus soigné les transitions et le contexte.
Jean-Philippe MartinEnvoyer un message au rédacteur