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LE NOUVEAU PROTOCOLE

Un film de Thomas Vincent

Difficile de dénoncer sans prendre parti

Raoul Kraft, bucheron, apprend la mort de son fils, dans un accident de voiture, sur une route qu'il connaissait pourtant par coeur. Suivi en permanence par une journaliste, Diane, il commence peu à peu à douter, lorsque celle-ci lui affirme que l'accident aurait été provoqué par les médicaments que son fils testait depuis quelque temps...

C'est pourtant ce que tente de faire le scénariste Eric Besnard, en faisant de ses personnages des paranos profonds, et en renvoyant chacun face à sa complicité latente avec un système capitaliste qui privilégie le profit au bien de tous. Pour preuves, les essais thérapeutiques réalisés dans les pays africains et que seules les pressions des ONG peuvent faire stopper... ou reporter ailleurs. Peinture d'un monde peu engageant, s'offrant un petit tour par Davos et sa sur-sécurisation, « Le nouveau protocole » est aussi un laborieux thriller qui fait tellement peu de cas de ses personnages, perpétuellement hystériques, qu'on n'y croit rapidement plus.

Car si au départ Marie Josée Croze fleure bon la militante combative, on comprend bien plus vite que le personnage de Cornillac, qu'elle entraîne ce personnage dans ses délires paranos. Leur interprétation convaincue, ne suffit pas à nous faire croire à leurs périples, et aux nombreuses et interminables poursuites avec des policiers dont on doute forcément de l'identité. Malgré l'ambiance ultra-protégée de Davos, où il semble y avoir plus de militaires et d'agents de sécurité que de participants, et la froideur implacable de Dominique Reymond, patronne de multinationale manipulatrice, on aurait préféré que l'auteur ne nous donne pas les clés, laissant planer le doute sur la responsabilité de ses personnages, seuls finalement, avec les spectateurs à être coupables.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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