Francis Ford Coppola
Maître incontesté du 7ème Art, Francis Ford Coppola a passé sa vie à courir, cherchant sans cesse à atteindre la perfection. La qualité comme véritable moteur, cet éternel insatisfait névrosé n’a cessé de se renouveler, multipliant les œuvres aussi spectaculaires que personnelles. Aujourd’hui, plus que jamais, son nom est synonyme de rigueur mais aussi de talent incontestable. Extrêmement respecté, le canonisé Coppola est l’un des modèles à suivre pour toute nouvelle génération de cinéaste.
C’est dans la ville de Détroit, le 7 Avril 1939, que naquit Francis Ford et très vite les dieux du cinéma ont décidé de se pencher sur le jeune garçon. A l’âge de 9 ans, il est atteint de la poliomyélite, maladie qui le clouera au lit durant une année entière, mais c’est à ce moment que son destin de cinéaste va le rattraper. Cherchant à s’amuser comme il le peut, il trouve son plaisir grâce à des marionnettes et un projecteur de super 8. Reconverti en ventriloque et monteur, il réalise, dans la joie malgré la maladie, ses premiers home-movies. De retour dans le monde réel, il projette ses petits-chefs d’œuvre aux enfants du quartier mais moyennant rémunération. Le réalisateur et l’homme d’affaire viennent de naître. Naviguant entre théâtre et cinéma, il s’oriente définitivement vers la deuxième option en rejoignant le département cinéma d’UCLA, avec un seul but en tête : travailler à Hollywood. Aucun réalisateur n’est encore sorti d’une école de cinéma ? Soit, il sera alors le premier! Mais le jeune Francis commence à s’impatienter, l’enseignement n’étant pas d’une grande qualité. Il multiplie alors les courts-métrages sur le marché indépendant et accepte de réaliser quelques nudies. Le producteur Roger Corman enrôle le jeune étudiant motivé pour le transformer en homme-à-tout-faire. Satisfait de son nouvel assistant, il lui offre la possibilité de réaliser son premier long-métrage. Trois jours de scénario et neuf jours de tournage plus tard, «Dementia 13», thriller gothique à l’inspiration hitchcockienne, est né. Corman, insatisfait du résultat, fait un affront à Coppola en demandant à une deuxième équipe de retourner quelques scènes, décision qui marquera la fin de leur collaboration.
Devenu scénariste au cœur du système Hollywoodien, il obtient peu à peu la confiance des studios, une des pistes d’explication à sa fulgurante ascension. A 27 ans, il réalise son premier gros projet, «Big Boy», exercice de style festif où la bonne humeur et les gags sont au rendez-vous. Premier film de studio, première sélection à Cannes, la légende est en marche. Le binoclard barbu se sent néanmoins rapidement étouffé par la machine hollywoodienne, lui qui rêve d’indépendance et d’autonomie. Son métier, c’est le cinéma, pas de devoir faire des concessions pour les studios. Accompagné de ses fidèles comparses George Lucas et Walter Murch, il fonde à San Francisco en 1969, American Zoetrope, futur eldorado pour sa vision du cinéma. En véritable homme d’affaire culotté, il parvient à obtenir les financements pour ses prochains films, mais son premier grand succès se fera en dehors des frontières de ce paradis qu’il a créé. En 1972 sort sur les écrans le chef-d’œuvre «Le Parrain», fresque à la hauteur d’un mythe, ascension et descente aux enfers de la famille Corleone. Puis tout s’accélère : oscar du meilleur film, Conversation Secrète (1974), une palme d’or, le Parrain deuxième partie (1975), oscar du meilleur film, tournage catastrophique pour le sublime Apocalypse Now (1979), une palme d’or, deux oscars. Celui qui a dû forcer de nombreuses portes pour qu’elles s’ouvrent flirte désormais avec les cieux. En une décennie, l’arrogant petit étudiant à l’orgueil démesuré est adoubé maître du 7ème Art. Peu importe que la plupart de ses films suivants soient des échecs commerciaux, le talent ne l’a jamais quitté.
Mégalomane, obsessionnel, le cinéaste n’hésite pas à recourir aux méthodes les plus douteuses pour obtenir ce qu’il attend (menaces de se suicider, agressions de ses acteurs…), tout ceci ne faisant que renforcer sa légende. A travers son œuvre, Coppola a développé plusieurs thèmes récurrents : la famille, la grandeur et la déchéance des êtres humains, la rivalité, la gloire, la recherche de son identité notamment. Mais ce qui fascine le plus chez Coppola est son éternelle volonté de bousculer les codes et les cases dans lesquelles on pourrait le ranger. Il peut ainsi décider d’arrêter le cinéma durant une dizaine d’années et revenir avec des films intimistes, comme s’il était à nouveau un débutant, retour aux sources consacré par l’utilisation d’un noir-et-blanc poétique pour son «Tetro», grandement autobiographique.
Certes, ses chefs-d’œuvre sont aujourd’hui du passé, ombre de lui-même pour certains, génie indiscutable pour la plupart, la seule certitude existante est qu’un Coppola en mode mineur suffit à ravir n’importe quel cinéphile. Coppola a décidé de revenir par la petite porte, mais son aura l’entoure toujours. Amoureux du cinéma, immensément talentueux, il fait partie de ceux dont le nom est inéluctablement associé à un gage de qualité ! Celui que l’on surnomme «le Napoléon du cinéma» n’a pas encore fini de nous surprendre et de nous émerveiller. L’empereur n’a pas fini son règne.
Le saviez-vous ?
Francis Ford Coppola est le père de Sofia Coppola mais aussi de Roman Coppola, tous deux réalisateurs et ayant joué dans de nombreux films du Papa. Il est aussi l’oncle des acteurs Nicolas Cage et Jason Schwartzman. Une famille comme celle-là, ça ne s’invente pas !
Filmographie sélective
2012 : Twixt
2009 : Tetro
2007 : L’Homme sans âge
1993 : Dracula
1991 : Le Parrain, 3ème partie
1985 : Cotton Club
1983 : Outsiders
1979 : Apocalypse Now
1975 : Le Parrain, 2ème partie
1974 : Conversation Secrète
1972 : le Parrain
1963 : Dementia 13