STRUCK
L’anti-"Glee"
Je vois déjà les têtes des aficionados de la série "Glee" déçus de ne pas retrouver ici le prolongement de leur série préférée. Surtout connu pour ses prestations chorales sous les traits de Kurt Hummel, "Struck" dévoile au public une tout autre facette de Chris Colfer. Car au-delà d’incarner le personnage principal du film, il en est également le scénariste ! Et le moins que l'on puisse affirmer, c'est que la plume du jeune Colfer se pose très loin du ton niais de "Glee". "Struck" n'est pas le typique teen-movie auquel on serait en droit de s'attendre en voyant l'affiche. Il n'en est pas tellement éloigné comme le peut être "Le Monde de Charlie". L'écriture douce et amère, truffée d’autodérision mais profondément déprimée de Chris Colfer, mêlée à la réalisation très sitcom TV de Brian Dannelly produit une œuvre hybride, entre film indépendant américain et pop-corn movie assumé.
On ne peut pas dire que Carson soit très populaire dans son lycée de sa petite et minable ville de Glover. Il sait parfaitement qu'il doit déguerpir le plus vite possible afin d'accomplir son but : devenir rédacteur en chef du The New Yorker, être le plus jeune rédacteur publié au New York Times, et gagner le prix Pulitzer. Son unique porte de sortie s'appelle l'université de Northwestern et pour obtenir son admission, ce jeune premier est prêt à tout, quitte à faire chanter la moitié des têtes d'affiches du lycée pour qu'elles participent à sa revue littéraire. Colfer nous expose donc les classiques clivages des Highschools et à quel point les intellos peuvent en baver face aux élèves branchés de l'école. Ceci étant, il n'hésite pas à retourner ces clichés et même à mettre en perspective ces futiles considérations adolescentes face aux problèmes des adultes.
À ce titre, le casting rayonne. Allison Janney et Christina Hendricks sont toutes deux touchantes et affichent une profondeur inespérée pour la petite parcelle d’écran qu'occupent leurs personnages, tandis que les acteurs jouant les lycéens ont juste ce qu'il faut d'exubérance (mention spéciale à l'incroyable Rebel Wilson). Quant à Chris Colfer, il est excellent dans son rôle de petit arriviste coincé sans compromis. Faire mourir ce personnage principal au bout de trois petites minutes de film et présenter une fin aussi mélancolique est loin d'être une chose courante dans ce type de production. Dannelly joue parfaitement sur les deux tableaux, réussissant à passer d'une situation cruelle ou pathétique à une autre cocasse en un clin d'œil. C'est certainement, ce qui fait tout le sel de ce film.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur