LEGITIME DEFENSE
Maîtrisé mais sans éclat
Pour son premier film, Pierre Lacan nous sert un polar convenu mais bien mené. L'histoire est certes peu surprenante, mais l'intérêt réside moins dans l'histoire que dans son traitement. La mise en scène, nerveuse à souhait, entretient une tension que le cinéaste parvient à maintenir jusqu'au bout de ses quatre-vingt-deux petites minutes. Le film est en effet assez court, mais est en cela très pragmatique. Les événements s'enchaînent très rapidement, Lacan prenant le risque d'une première demi-heure morcelée chronologiquement. En oscillant entre trois espaces temps différents, les premières minutes peuvent irriter par manque de clarté et peuvent paraître prétentieuses dans leur audace. Mais une fois assimilée cette première jonglerie scénaristique, on se rendra compte que c'était en fait la seule véritable originalité du film, le reste étant plutôt prévisible.
S'il est si prévisible, c'est aussi que Lacan répond à tous les codes du polar de manière totalement assumée. C'est peut-être une certaine forme de lucidité de servir la même chose au spectateur en se disant qu'au fond c'est ce qu'il souhaite ou autrement dit, ce qu'il attend. Un homme très gentil à qui il arrive de grosses emmerdes confronté à un gangster monstrueux et impitoyable, c'est un face à face qui ne peut qu'engendrer un vrai plaisir de spectateur. Jean-Paul Rouve, convaincant, fait définitivement oublier son ancienne activité d'ex-Robin des bois (ce qui n'est pas le cas de tous les ex-humoristes) et Olivier Gourmet confirme son statut d'acteur polyvalent, ici à des kilomètres des frères Dardenne.
« Légitime Défense » est donc un polar honnête et maîtrisé, mais qui respecte un peu trop les codes du genre, pour parvenir à les transcender.
Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur