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ILLEGAL

Triste destin clandestin

Tania et son fils, Ivan, ont fui la Russie afin de se réfugier clandestinement en Belgique. Quelques années plus tard, au détour d’une rue, celle-ci se fait interpeller, alors que son fils réussit à s’enfuir. Placée dans un centre de rétention, elle refusera de donner son nom pour éviter l’expulsion qui la séparerait définitivement d’Ivan...

“Pourquoi ne pas rentrer dans ton pays ? Cela vaut certainement mieux que de rester ici, enfermée” : telle est la réplique naïve de la gardienne du centre de rétention. Cette remarque, pourtant amicale, exprime bien à quel point il est difficile de se représenter le désespoir qui pousse un être humain à braver le danger et l’isolement.

Sous couvert de fiction, Olivier Masset-Depasse met le doigt sur une réalité sombre et dérangeante : le sort réservé par l’Europe aux clandestins. Efficace et bien documenté, le film insiste sur l’hypocrisie d’un gouvernement qui bafoue les droits de l’homme, en méprisant ces hommes et ces femmes qui souvent ont déjà vécu l'innommable pour accéder au territoire, et cela en dépit de son propre personnel carcéral continuellement en porte à faux face à une telle situation.

Au travers du vécu de cette jeune femme russe, le réalisateur révèle nombre de détails auxquels un clandestin doit faire face au quotidien. L’angoisse latente d’être à tout moment interpellé et les gestes désespérés pour effacer son ancienne identité. Ainsi Tania n’hésite pas à se brûler les doigts contre un fer à repasser pour ne plus avoir d’empreintes digitales. Malgré ça, la jeune femme se retrouve en centre de rétention. Or rester anonyme n’est rien à côté du supplice d’avoir laissé son fils seul. Recueilli tant bien que mal par une amie biélorusse, Ivan devient vite une charge terrible pour la jeune femme, elle même en situation «illégale». Une situation effroyable qui ne pourra se résoudre que par la résignation hypothétique du gouvernement belge à lui céder le droit d’asile.

Le film bien que très riche par son sujet ô combien délicat, pêche malheureusement par sa mise scène. Proche du mélo, son style s’apparente par moment à celui d’un téléfilm, et les émotions, souvent fort appuyées, desservent maladroitement le fond du sujet. Dommage, car sans tomber dans le documentaire, une approche plus réaliste aurait pu porter ce film à un très haut niveau.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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