Festival Que du feu 2024 encart

UNDERCOVER - UNE HISTOIRE VRAIE

Un film de Yann Demange

Malgré les petites embrouilles dans lequel son père l’entraîne, Rick Jr. ne peut pas s’empêcher de le soutenir et de l’accompagner. Mais à force de s’encanailler avec des malfrats, on risque d’y prendre goût. Et c’est précisément ce qui va arriver à ce jeune garçon, futur baron de la drogue. Sauf qu’entre temps, il se fait également embaucher par le FBI pour devenir indic…

Undercover une histoire vraie film image
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

Avec son titre digne d’un vulgaire DTV et sa bande-annonce beaucoup trop explicite, on pourrait aisément penser que cette nouvelle production s’ajoute à la longue liste des thrillers cocaïneux n’ayant d’intérêt que d’empiler les clichés sur le genre. Mais lorsque l’on met de côté le marketing français, que l’on conserve le titre original, "White Boy Rick", et que l’on découvre que le réalisateur n’est autre que Yann Demange, l’auteur du très remarqué et explosif "’71", forcément, nos sens cinéphiles se mettent en éveil. Épaulé de l’ancien play-boy reconverti en spécialiste des rôles à Oscars, Matthew McConaughey, que l’on n’avait pas vu aussi bon depuis longtemps, le film est une peinture sombre de l’Amérique contemporaine, une chronique sociale et politique tout autant qu’un polar déjanté.

Autopsie d’une cellule familiale incapable de se comprendre, et donc de s’aimer, le métrage suit le parcours extraordinaire – le mot n’est ici pas galvaudé – du jeune Rick Jr. Ce gamin n’a même pas encore fini l’adolescence qu’il est déjà informateur pour le FBI et un rouage essentiel dans le trafic de drogue du Détroit des années 80. Reconstitution parfaite de cette époque, avec ses bâtiments délabrés, son paupérisme galopant et son ambiance hip-hop disco, "Undercover – Une histoire vraie" est un tableau envoûtant, dont la noirceur du fond contraste avec les plusieurs envolées comiques toujours bienvenues. Si la mise en scène est moins transcendante que sur sa précédente réalisation, Yann Demange confirme sa propension à faire cohabiter des problématiques intimes à un récit plus large et virulent.

S’amusant de la mythologie américaine, le film séduit plus par sa dimension humaine que par son intrigue policière éraflée de quelques longueurs. Au-delà de l’excellente performance de Matthew McConaughey, grossière mais sans sombrer dans le cabotinage, on retiendra la révélation : Richie Merritt. Pour son premier passage devant une caméra, le novice réalise des débuts fracassants, réussissant à trouver en permanence la tonalité juste pour porter l’ensemble sur ses frêles épaules. Diatribe contre le système judiciaire, le métrage s’avère être un exercice de style rudement mené, naviguant entre le portrait d’une ville, le feuilleton social et l’épopée criminelle. Malgré des enchaînements parfois scolaires, Yann Demange confirme son statut de cinéaste à suivre et nous livre un beau cadeau pour ce début d’année 2019.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Laisser un commentaire