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SOUS SURVEILLANCE

Crépuscule d'un militantisme

Un jeune journaliste du Albany Sun Times est persuadé d'avoir découvert, en la personne de Jim Grant, avocat, un activiste de la fin des années 60, toujours recherché. Ce dernier prenant la fuite, il se lance sur ses traces...

Nombreux sont ceux, qui en France, ignorent encore que Robert Redford est un réalisateur remarquable. Auteur de "Milagro", de "Des gens comme les autres", saisissant drame sur le suicide, "Et au milieu coule une rivière", sublime fable sur la famille, ou encore "Quiz show", il s'était un peu fait oublier depuis une quinzaine d'années, ne réalisant que quelques films mineurs ("La légende Bagger Vance" ou "Lions et agneaux"). C'est au Festival de Venise 2012 qu'il est venu présenter sa nouvelle réalisation, dont il est également l'un des acteurs principaux, et qui lorgne du côté des films politiques des années 70, façon "Les Hommes du président", dont il fut l’un des protagonistes aux côtés de Dustin Hoffman.

Dans "Sous surveillance", il joue un homme traqué, ancien activiste des années 60-70, ayant vraisemblablement commis des attentats sur le sol américain, et contraint de fuir, pour tenter de sauver ce qu'il a construit depuis, sous sa nouvelle identité. La traque amène ce qu'il faut de suspense, mais elle est surtout l'occasion d'ouvrir nombre de questionnements, sur le métier de journaliste et ses conséquences sur des personnes innocentes, mais surtout sur l'intérêt réel que porte le public à la vérité.

Choisissant de ne s'intéresser qu'en surface aux revendications des groupuscules de l'époque (dont les « Weather underground » qui sont ici au cœur de l'intrigue), Redford préfère interroger sur le regard porté sur le passé militant, et sur la capacité actuelle d’engagement de chacun. Il fait d'ailleurs dire au personnage de Susan Sarandon, dans l'une de ses interviews : « Pourquoi prendriez-vous des risques ? » Une sorte d'interpellation du jeune public, que vient renforcer le personnage de Redford lui-même en fin de récit, incitant à se poser la question de « ce qui vous motivera pour le 30 ans prochaines années ».

Servi par une remarquable troupe d’interprètes et son discours politique d’actualité, le film pourrait bien, s'il trouve une exposition en salles suffisante, trouver son chemin vers les prochains Oscars. Incitant les jeunes générations à ne pas se rendre à un système qui protège les riches, "Sous surveillance" fait œuvre pédagogique tout en posant sciemment les limites entre militantisme et terrorisme, et en remettant l'humain au centre du débat. Une réussite.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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