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LES CENDRES DU TEMPS – Redux

Un film de Wong Kar-wai

Ca sent le roussi

Ouyang Feng vit dans le désert de l’Ouest depuis quelques années. Originaire de la Montagne du Chameau Blanc, il a quitté son village natal lorsque la femme qu’il aimait à préféré épouser son frère. Loin de chercher la gloire, il a fini par devenir « intermédiaire » : quand quelqu’un vient le voir dans le but d’éliminer celui ou celle qui lui a causé du tort, il le met en contact avec un tueur…

Sorti à l’origine en 1996, « Les cendres du temps » nous revient ici dans une version dite « redux », retravaillée, re-étalonnée et surtout remontée, en réponse aux moult tricotages du film qui circulaient à droite et à gauche depuis une décennie. D’autant qu’à l’époque du tournage, la création toute récente de la société de production Jet Stone Films n’offrait qu’un budget ridiculement limité, problème ici concrètement réglé. Cette version, présentée lors du dernier festival de Cannes en séance exceptionnelle, est donc l’ultime, l’absolue, la définitive. Cela nous fait une belle jambe.

Car si la première version des « Cendres du temps » n’était déjà pas bien fameuse et pas du genre à marquer les mémoires durant quinze ans, son passage par la case « redux » qui, entre parenthèses, n’a visiblement pas servi à améliorer une image qui reste particulièrement granuleuse et sale, ne change pas grand chose à l’affaire. Sur le modèle du wuxia pan, ou film de sabre chinois, et en adaptant une série de romans de l’auteur populaire Louis Cha qu’il transforme volontairement en vision poétique, Wong Kar-Wai tente une analyse spirituelle de la condition humaine et de sa place dans la nature, à travers le rapport sensible des êtres à l’écoulement progressif – et irréversible – du temps. La course effrénée des saisons qui passent, apportant chacune sa maxime poétique, rythme un récit qui brille par sa naïveté disparate et l’inutilité de ses ostensibles effets visuels. L’intention du grand cinéaste hong-kongais était sans doute bonne – réactiver le genre ancien du film de sabre en le mâtinant de spiritualité – mais le résultat tombe clairement… en cendres.

Eric NuevoEnvoyer un message au rédacteur

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