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INVISIBLE

Un film de David S. Goyer

L’homme pas tout à fait visible

Issu d’une famille aisée, intelligent et beau, apprécié de ses amis lycéens, Nick Powell est destiné à un avenir prometteur. Mais un soir, à cause d’un quiproquo autour d’un braquage, il est violemment agressé par Annie et ses sbires. Coincé entre la vie et la mort, Nick découvre qu’il est devenu parfaitement invisible. Pour survivre il va devoir mener sa propre enquête et venir en aide à son agresseur…

Pour son troisième long-métrage comme réalisateur, David S. Goyer a choisi de mettre en scène le remake d’un film suédois de Joel Bergvall, lui-même adapté d’un roman de Mats Wahl. L’histoire, archi courue, est celle d’un adolescent à moitié mort qui cherche à revenir à la vie, et qui pour cela essaye d’influer sur les événements en cours. Force est de constater que les événements s’en sortent très bien sans lui, puisque ses simagrées ne lui servent à rien : tout le monde semble connaître à l’avance les tenants et les aboutissants de cette affaire, y compris le spectateur qui en voit coulisser les grosses ficelles. Sans chercher le moins du monde à créer une œuvre originale, Goyer enfonce toutes les portes ouvertes du genre et livre une copie sinon bâclée, du moins alourdie par les nombreux précédents du genre – « Sixième sens » en tête de liste.

Le scénario oscille maladroitement entre le film fantastique, la chronique sociale et la bluette psychologique. Où est passé l’auteur à succès de « Dark City » et « Batman Begins » ? « Invisible » accumule les mêmes défauts que « Blade Trinity », qui nous avait déjà prouvé qu’un excellent scénariste ne fait pas toujours un cinéaste légitime : personnages mal écrits, situations rocambolesques, successions d’événements improbables, et même, en filigrane, une vision quelque peu réactionnaire de la société (la méchante chef de gang se révèle finalement une gentille fille, corrompue par un entourage familial décadent). Si chaque séquence n’était pas polluée par une brusque envolée musicale digne d’un spot publicitaire, la mise en scène, correcte, pourrait faire passer les vessies scénaristiques pour des lanternes ; or, face à un spectateur à qui on ne la fait pas, les vessies restent des vessies. Dommage car, toutes proportions gardées, certaines idées de découpage réussies auraient pu transformer cet essai infructueux en espoir d’avenir. Réalisateur déjà discret, David S. Goyer risque de rester définitivement invisible aux yeux du public.

Eric NuevoEnvoyer un message au rédacteur

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