RENDEZ-VOUS À BRICK LANE
Le choc culturel revisité sans les clichés
L'histoire de cette jeune femme, tiraillée entre ses racines et un improbable rêve de liberté, constitue un sujet presque banal, une approche mille fois adoptée pour situer les Indiens dans la société britannique. Pourtant, il se dégage de ce film un souffle inhabituel. On assiste souvent aux frustrations de la jeunesse indienne bridée par les traditions familiales et le regard des autres, moins aux luttes intérieures d'une personne qui n'aspire pas à s'en échapper.
Pour ce premier film, Sarah Gavron fait preuve d'une belle maîtrise. La réalisation, soignée, puise son esthétique dans la beauté et la retenue de l'actrice. Les décors, principalement l'intérieur de l'appartement, et le jeu de lumière, illustration des tensions qui s'exercent avec le monde extérieur, créent une atmosphère d'intimité permanente.
Orgueilleux, fragiles, profondément humains, les personnages sont pleins d'humilité. Alors qu'il aurait été simple de dénoncer l'archaïsme des traditions, de s'apitoyer sur la mariée et de déconsidérer son mari, Sarah Gavron choisit de confronter chacun à ses contradictions, révélant contre toute attente une autre part des personnages. Pas de jugements ni de misérabilisme. "Rendez-vous à Brick Lane" nous livre une jolie histoire d'éveil à la vie et une invitation à la découverte de soi-même.
Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur