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I CARRIED YOU HOME

Un road-movie original et émouvant

Pann vit avec sa mère à Bangkok. Un jour, celle-ci est victime d’un accident qui lui coûte la vie. Pinn, la sœur aînée, fâchée avec la famille et exilée à Singapour, accourt à son chevet. Les deux sœurs sont chargées par leur tante de rapatrier le corps de la défunte en ambulance jusqu’à leur village familial, au Sud de la Thaïlande. Ce périple hors du commun va-t-il les réconcilier ?

Dans la vie, il faut parfois attendre les drames les plus tragiques pour voir des familles se réconcilier ou des fautes pardonnées. Dans « I carried you home », originalement titré « Padang Besar » du nom du village où les deux sœurs partent enterrer leur mère, le point de départ est le décès de celle-ci, qui oblige l’aînée à retourner en terrain familial. Passé un prologue assez classique sur les circonstances du drame, le film décolle une fois le voyage pour Padang Besar bien engagé. Alors qu’elles étaient séparées depuis des années par des milliers de kilomètres, Pann et Pinn se retrouvent subitement obligées de cohabiter en étroite proximité, au sein d’une ambulance qu’elles ne quitteront quasiment pas deux jours durant. Le film prend ainsi la forme à la fois d’un road-movie et d’un quasi huis clos, où s’expriment tour à tour la froideur distante de l’aînée et la rancune acharnée de la plus jeune.

Pour rythmer cette longue traversée de la Thaïlande, le jeune réalisateur invente des petits rebondissements qui, considérant le tempo assez lent du film, font figure de véritables péripéties : la recherche d’un restaurant routier « propre, servant des nouilles et du riz » afin de contenter tout le monde, le joint fumé en cachette par l’ambulancier le temps d’une pause dérobée, les petites phrases prononcées machinalement à l’attention de la défunte pour lui expliquer les étapes du trajet… Autant de non événements qui, à un moment ou un autre du film, déclencheront des retournements de situation plus importants, susceptibles de rapprocher les deux sœurs.

Le voyage prend alors de multiples dimensions, permettant aux secrets de se révéler d’eux-mêmes et à une nouvelle intimité entre les personnages de s’installer. L’arrivée du convoi à Padang Besar, pendant laquelle Pinn énonce à voix haute chaque lieu qu’elle reconnaît, et qui sont autant de souvenirs d’enfance qu’elle avait oubliés, délivre une charge émotionnelle efficace, renforcée par le soulagement d’être enfin arrivés. Une œuvre sensible et un premier film prometteur, présenté au public français lors du 14e festival du film asiatique de Deauville.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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