LES BEAUX JOURS D'ARANJUEZ
Une 3D inutile pour un profond ennui
Après quelques plans d'un Paris étrangement désert au petit matin, pour lesquels la 3D annonce le meilleur, magnifiant les rues et lieux emblématiques, la caméra s'éloigne doucement, se dirigeant vers une nature devenant omniprésente et finit par passer quelques feuillages. Elle atterrit dans un jardin soigné où trône une belle maison disposant d'une terrasse sous les tonnelles. À l'intérieur, un écrivain écoute de la musique et imagine un dialogue entre un homme et une femme assis à une table, sur la terrasse.
Pas grand chose à sauver de ce nouveau film de l'auteur de "Paris Texas", très peu inspiré dans la mise en scène de cette adaptation d'une pièce de théâtre contemporaine signée Peter Handke, avec lequel il avait collaboré sur le magnifique "Les ailes du désir". Légers travellings latéraux, caméra tournant autour des protagonistes, gros plans avec les voix de l'auteur et des personnages qui se superposent, les dispositifs sont peu nombreux et ne dynamisent pas un texte déjà pesant sur le rapport de la femme à l'acte sexuel ou amoureux.
L'approche de la sexualité, très cérébrale, paraît dénuée de toute passion. Les personnages semblent hors du temps, racontent des détails scabreux, offrent des sensations intimes toutes intellectualisées, contrastant totalement avec la nature envahissante que l'auteur aurait sans doute souhaitée charnelle grâce à la 3D. Pourtant ce dernier n'en fait rien, contrecarrant l'exploitation du dispositif par la platitude et l'immobilité de sa mise en scène. Rarement aussi peu inspiré, Wim Wenders ne parvient même pas à faire ressentir le tourment de cet auteur, qui explore les rapports hommes-femmes tout en se donnant le rôle du voyeur. Et ce ne sont pas les deux interprètes, appliqués à l'extrême, ni l'apparition de Nick Cave au piano qui sauveront l'ensemble d'un ennui mortel.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur