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L'EMPEREUR DE PARIS

Laissé pour mort après son évasion du bagne, François Vidocq tente de se faire oublier en se faisant passer pour un simple commerçant. Mais il se retrouve accusé d’un crime qu’il n’a pas commis et se voit forcé de passer un marché avec le chef de la sûreté : s’engager dans la police en échange de sa liberté. Ses talents d’enquêteur impitoyable lui amèneront très vite d’autres soucis, en lien avec une hiérarchie policière et une pègre toutes deux impatientes de le voir chuter…

L'empereur de Paris film image
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

C’était l’un des événements de cette fin d’année 2018 : un nouveau "Vidocq" venait de débarquer en ville. En réalité, c’était une fausse alerte. Près de vingt ans après le nanar hypertrophié de Pitof (lequel ne mérite pas tant l’opprobre), le retour du plus célèbre bagnard de la culture populaire hexagonale se contente d’en revenir à ce que les vieux feuilletons avec Bernard Noël et Claude Brasseur avaient déjà installé comme bases. Soit le récit d’un ex-bagnard devenu chef de la police sous le régime de Napoléon, mais condamné malgré tout à rester un évadé perpétuel, menacé par tous ceux qui incarnent son propre passé, et réclamant aux autorités une grâce qui ne vient jamais en dépit de résultats plus que satisfaisants. Un destin difficile de justicier que Richet traite ici sous un angle on ne peut plus réaliste, comme pour se caler dans l’énergie interne de son héros. Sauf qu’à bien y regarder, le film oublie en cours de route quelque chose d’essentiel : un point de vue de cinéaste.

Illustratif à tous les étages, gorgé de personnages-fonctions qui ne font naître aucune émotion (hormis le prodigieux James Thierrée en hussard désenchanté) et dominé par un Vincent Cassel qui se contente de jouer au lieu d’incarner (ça ne lui ressemble pas…), "L’Empereur de Paris" obéit en permanence à une logique narrative proche du médium télévisuel, comme le confirment également sa photo terne et sa reconstitution historique minutieuse qui n’arrive pas à exhumer quoi que ce soit. Et hormis une scène d’action finale dans les catacombes de Paris, rien ne parvient à flatter l’œil, à satisfaire notre besoin de lyrisme, à nous offrir ne serait-ce qu’un début de dimension opératique. On sent pourtant que Jean-François Richet, dont la maîtrise visuelle et narrative n’a jamais été à contester, s’est engagé dans ce film de commande avec une vraie conviction, comme s’il y avait trouvé un écho à développer. Et on devine bien lequel quand on sait le virage à 180° qui aura marqué son parcours, ayant démarré dans le brûlot marxiste ("État des lieux", "Ma 6-T va crack-er") pour finalement éteindre sa flamme anarchiste dans le divertissement populaire et luxueux. En vérité, le seul vrai nouveau Vidocq, c’est lui. Et peut-être bien que le vrai film à faire résidait là-dedans.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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