MALADIES
De pénibles choix de mise en scène
Sélectionné au Festival de Berlin 2013 dans la section Panorama, "Maladies" n’est pas une œuvre impérissable. Intrigant au départ, le principe de mise en scène du début du film, avec une voix-off introductive, correspondant en fait à la voix qu'entend le personnage de James Franco, s’avère pénible, la voix devenant omniprésente, réapparaissant lors des crises de ce garçon à la santé mentale vacillante. L’installation des personnages, que l’on découvre un à un dans la grande maison occupée par ces gens « à part », est plutôt laborieuse.
Adaptant La ménagerie de verre de Tennessee Williams, l’auteur s’enferme rapidement dans une surenchère irritante, en mettant face à face différentes folies. Aux excès de réflexion de James Franco, il ajoute le mutisme – autisme ? – de sa sœur (interprétée par une actrice aussi productrice du film, qui en fait des tonnes dans le mode « regard écarquillé »), et le toc (que l’on taira pour l’instant) de leur (supposée) mère. Il en rajoute même des tonnes dans le catalogue des « gens différents » qui s’épaulent les unes les autres, en introduisant quelques figures extérieures, tel l’aveugle, ou le voisin, que l’on devine vite gay...
Tout cela a tendance à virer par moment à la bouffonnerie assez pathétique, dont la seule vraie bonne idée, est le pacte passé entre le fils et sa protectrice (dont on se demande toujours si elle est bien sa mère ?) : l’un devra finir le travail de l’autre lorsque celui ou celle-ci décédera. Cette jolie idée semble cependant traitée à la va vite, le scénario se concentrant sur un désir de présenter ici un certain droit à la différence, et à la possibilité d'une vie sociale (ou tout du moins d'une vie privée) pour les fous. Malheureusement, le maniérisme de la mise en scène, doublé d’une absence de réelle sensation de danger lors des crises répétées du personnage principal, finissent de cataloguer le film, l’estampillant à force de volonté de décalage, au mieux comme « objet de curiosité », au pire comme « essai non transformé ».
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur