JIM ET ANDY
L’incarnation jusqu’au-boustiste
Le making off du film « Man on the Moon » agrémenté du témoignage de Jim Carrey, l’interprète principal du film…
Sortie le 17 novembre 2017 sur Netflix
Cela faisait vingt ans qu’il trainait dans les tiroirs d’Universal. On en rêvait, puisque le tournage de "Man on the Moon" de Milos Forman semblait avoir été tumultueux. Un élément perturbateur (ou même plusieurs) avait été recruté en la personne de Jim Carrey et de ses nombreuses « voix ». Le documentaire de Chris Smith déterre donc les images oubliées de la fabrication du film qui étaient destinées au press kit pour la promotion de ce dernier.
Il s’avère que les pitreries de Jim Carrey sont allées tellement loin que le studio a choisi de les enterrer de peur de faire des dommages à l’image de l’acteur ! Mais au-delà de montrer la capacité de Jim Carrey à distraire (dans les deux sens du terme) ceux avec qui il travaille, ces images témoignent surtout de son incroyable pulsion à incarner. Il est en perpétuelle performance lorsqu’il interprète Andy Kaufman. Même lorsque la caméra s’éteint, même hors plateau, la personnalité du comique emblématique ayant révolutionné le petit écran est en lui. Il va jusqu'à provoquer le même catcheur qui avait giflé Andy sur un plateau en plein prime, de la même manière que le comique l’avait fait à l’époque. Et bien sûr, comme le long titre original l’annonce, il n’hésite pas non plus à incarner l’extravagant Tony Clifton, personnage emblématique du génie créatif d’Andy Kaufman. On découvre donc un Jim Carrey sans limite, survolté, inépuisable, allant jusqu’au bout de son insatiable délire, au grand désespoir de Milos Forman qui « veut simplement parler de nouveau à Jim » !
Voir ce making-of tardif est déjà très divertissant en soi et révélateur de l’abnégation de Jim Carrey dans son travail, malgré le fait qu’il ait certainement perturbé le processus de production de "Man on the Moon". Mais la véritable valeur ajoutée du documentaire de Chris Smith réside bien dans les confessions de l’acteur une fois qu'il a pris du recul sur cette période. Il se livre avec une touchante sincérité sur sa carrière, son amour et son admiration pour Andy Kaufman. Il y développe notamment cette pulsion à jouer, à interpréter, à vouloir attirer l’attention. Ses confidences donnent tout le sel à ce documentaire passionnant de bout en bout, qui ravira les fans cinéma, mais pas uniquement !
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur