ESPION(S)
Casting en or pour un thriller noir
Vincent et son pote Gérard travaillent dans un aéroport parisien au service des bagages, qu’ils fouillent allègrement pour en retirer ce qu’ils cachent de meilleur, comme des bijoux et des téléphones portables… Mais un jour, dans une valise diplomatique, c’est le pire qu’ils trouveront : un puissant gaz contenu dans une fiole de parfum qui explose et tue Gérard sur le coup. La DST, direction des services secrets français, coince Vincent et l’oblige à travailler pour elle afin de l’aider dans son enquête. Le voilà parti pour Londres sous une nouvelle identité…
Le premier film de Nicolas Saada, réalisateur et scénariste, plonge le spectateur au cœur des services secrets et de l’espionnage, sur fond d’histoire d’amour de deux jeunes personnes que rien n’avait destiné à faire se rencontrer. L’histoire, plutôt bien écrite, examine les faiblesses humaines, qu’elles soient du côté des justiciers (de ceux qui s’improvisent et des autres) que de celui des criminels. Saada met le doigt sur la fragilité de chacun de ses personnages et fait de son « héros », un jeune homme sur le chemin de l’initiation.
« Espion(s) » souffre quand même d’un petit budget alors qu’il vise une histoire d’espionnage et d’attentat à l’étranger d’une grande ambition. En effet, Saada exporte son récit hors de nos frontières pour se rendre dans la capitale de notre « voisin » anglais. Mais Londres n’a jamais été aussi peu Londres. En reniant tous les archétypes londoniens, on a finalement du mal à se positionner dans cette ville (limite si à un moment on ne se croit pas à Dunkerque).
Mais heureusement de brillants comédiens anglais figurent en haut de l’affiche : Stephen Rea en tête, extraordinaire de sang-froid et d’humour anglais, qui compose avec Archie Panjabi (« The Constant gardener », « Un cœur invaincu ») l’équipe des services secrets britanniques. Figurent également au générique, Alexander Siddig (« Syriana », « Doomsday ») et Vincent Regan (« Troie », « 300 ») pour interpréter les malfaiteurs à espionner. Du lourd donc côté casting car il faut aussi rajouter Géraldine Pailhas (« Didine », « 5x2 », « Les randonneurs ») et bien sûr Guillaume Canet, chouchou du cinéma français qui peut jouer dans tout : le bon polar qu’il réalise brillamment (« Ne le dis à personne »), le film social (« Darling »), la grosse comédie (« Un ticket pour l’espace »), le film policier (« La clef ») et maintenant le thriller version bilingue (« Espion(s) »).
Bref, en complétant la liste avec Hippolyte Girardot et Hiam Abbass, on se dit que l’immense casting doit furieusement compenser les effets spéciaux à deux balles du film ! Aucune explosion n’est crédible et le feu sent bon l’effet numérique réalisé à la va-vite. On pourra conseiller à Saada, pour son prochain long-métrage, d’équilibrer davantage ses budgets afin de ne pas tout mettre dans la fiche de paie de ses comédiens et d’en garder suffisamment pour sa post-production.
Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur